
,<3es hauts lieux. Rien en effet n’e|t plus augufte qu’iine grande'
forêt de chênes ou ces colonnades , à perte de vue , que forme
un bois.de hauts fapins dorfque ces'bois s’ouyrerit & qu’ils laiffent
ientr’eux un terrain découvert, gazonné ôt entouré de portiques
faillans & rentrans , on eft rempli de vénération, on eft te^é
fe mettre à genoux devant le Maître de la Nature , qui donne Heu
à des perfpe^tives, Çi énji^nim^ lS^e |tuis; ^ès .e ^ iq ^ ]çf; .plus
majeftueux.
De là cette multitude de forêts .çonfacrées chez les Habitaqs
de ritalie, de là Grèce, dés Gaules., c|e laSuiffe, deJ’Aÿernàg^e
même. Dans ce.fermer Pays,, à Jei^bouchure^f l ’Elbe ,.^toit
une ifle dans laquelle on vo voit uneforêf avec un lac non^mo^s
facré, qui feiyoit de Sanélu^ire à la Déefle Herthp. ^ qu^ Terre,,
la même, que les Déeîïes Rhéa, C.yb|le, Telia,s , .oji la .Qrand’-
lyïere des Dieux. Et lorfque dans le y iI J e |i^:?lç d^ rl.-Ere Chrétienne,
Bonifac.e prêcha rEyanjgilfida^ PAÜe.magne , il trouyja
4ue fes Dabi tans ! au^tps^& ,au;x foÿt.air
nés, les up,s en cachette, les au^rçs hautement en pufyiiç-
.Pour honorer ces arbres facyés , g â Ëjjtiÿte fes prier.es .devant
eux , & on y allumoit jje,s flambeaux, On les arrofipït du fa n g e s
yiâimes ton y fufpendoit fes préfeirs , fes voeux, les dépouilles
confacrées des ennemis : on les ornoit de rubans
de colliers ; fouvent on les confultoit comme des Oracles : ôton
y faifoit des conjurations & desençhantemens.
Les Celtes n’^mpiput pas moins les montagnes pour en faire le
Üeu déleur Culte : l’air qu’on y refpiroit étoitplus pur, l’horifon
plus étendu, on fembloit s’y rapprocher de la Divinité & la fer vie
dans des lieux plus dignes d’elle ; point de doute’ que ce né fort
là un des motifs pour lefquels l’Italie donnoit aux hauts lieux le
jjoni de Saturniens* Si on y retiroit tout ce qu on aypit; d.e plus
précieux, on étoit tout aufli empreffé à y placer les Sanctuaires
des Dieux,
Les Pelafgès confacroient pour fimulacres à Jupiter, le fofnmet
des hautes montagnes comme ceux de l ’Olympe & dé l’Ida- : & ils
y é'rigéoiènt des Autels Comme fur le Mo nt-H y' mette & fur le
Pafnèÿfié: àuffi Jupïtér étôi‘t appfellépSr eux EpACRiifs , le Dieir
dès hauts fommets» '
Lés Efpàgnols avoient ude montagne làiide d’ont'li nétôiï' pay
dé" rémué'r là- tèffé''': lè^G&irfdis*àFoféfif üh Sàn&uâirè-'
eOnfacré' àî'Jupîfér fur lé plus hdut dés Alpes & dè 1’ Apenmh : M
eh etôit dé- mêraé des'Pélignès aTallenè‘,-''60' dès- AbWigèhèVfur
le Mont-Soraêtc ,. êt fur le Mont-Algide où on éléVa un' fLiperbé
Temple à Diane fur celui dé Fés fommets> qu’on nomma depuis^
par cette raifon le Mont-Arfemifcou" dé Diane..
\ Du haut de ce fommet on voy-oit l’Univers fous fes pieds : d’urp
coté on appercevoit la mer d’Antium ,-le rivage de Circée, les-
plaiiies- Pb mptines jufqu’à Anxur,.la voie Latine jufqu’aux Montÿ
Caffins ; de l’autre ,. la vue. s’ccendoit fur les montagnes-dey
Sabins, de Tibur, de Prénefte,-de Cora.-
. Les Getes avoient leur- montagne fainte oùréfidoit leur Sou~~
verain Sacrificateur;- Les Thraces en avoient une également qui-'
feur fut enlevée par Philippe, Roi de Macédoine : aufli Strabon
a-t-il cru que les -Montagnes faintés delà- Grèce avoient été con-
façrées parles Thraces dans le te ms qu’ils étoient maîtres du pays p
il ignoroit que les Grecs, les Thraces & les autres Peuples de;
Efurope, avoient une origine commune , & par coaféquent ley
mêmes ufages...
Rien- de plus célébré chez les Phrygiens, que leurs monta ones
confacrées à Cybèle , Eerecynthe, Duidymt ,/lgJeJiis-, Cy-Bèîe'^
& auxquelles cette DéelTe dut quelques-uns de céSl>omsé