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R O M U L U S. ,
Rome ne fut pas exempte de ces. idées communes : & pourquoi
n’auroit-eile pas eu, comme Albe , comme
me T y r , comme Babel, comme tant d’autres nilef.yle, Spléfl à
la tête de fes Roisl Pourquoi feule entre toutesjes Cités, n’au-
roit-ellepas regardé je Pere du jour & del’agriculture r comme fon
Pere,comme fon Fondateur ? Comment une
fe feroit- elle fouftxake au culte commun/,. Auffi n’eib^il. pas
difficile de prouver qu’elle fuivit à cet'ég^rd l’impulfion gën&r
raie , Scque 4 e premier ,de fes Rois ,. rR o mu lus -,r doit erre
ajouté à la lifte nombreufe de ces Rois,,, par lefquels ,s’ouvre le
catalogue des Rois de tous tes anciens Empires, A qu||fe.réduite
nt tous au Soleil : qu’ainfi ceux, d’entre les anci^s-qui regacr
<lerent Rom dus comme un mortel qui fonda la ville-de Rohae,
furent de très-mauvais Critiques, des Antiquaires très, mai instruits.
On n’en doutera pas d’après toutes les preuves que nous
allons ajouter à ce que nous avons dît.
Que Romulus n’ait pas été un homme, & qu'il fait le nom
fous lequel les Romains mirent , comme tousles autres peuples»,
le Soleil à la tête de leurs Rois, c efi ce que prouvent les faits
foivans. m
1«. Romulus fut mis au rang des -Dieux par Numa qui le fit
adorer fous le nom de Qtiirinus.
2°. La tradition qui le regardoit comme Fondateur, de Rome,
n’étoit ni ancienne ni généralement adoptée : & elle ne le
fut que par de très-foibles motifs de convenance.
30, Romulus n’écoit point de la famille des Rois d’Alb e, &
tout ce qu’on dit de fa naiffian.ee ne peut être vrai que dans 1e
fens allégorique.
40. L’Hjffoire de Romulus eft calquée for de plus anciennes,
5Q* Tout ce qu’on en dit étoit du aux Tables terrées, par
conféquent fon exiftence ténoit non à l’Hifloire, mais à la Re-
Kgién?
? ?6Ô. Le refte des faits attribués à Romulus n’offre que des cou-
tradidions ou tes amplifications controuvées.
I.
Roniulus adoré fous- le nom de Quirinus..
Nous trouvons dans THiftoire de Numa par Denys d’Halicar-
naffie (T),,que ce Prince fit bâtir un Temple à Romulus comme.
étape . au - deffiis dé la nature dès mortels ; qu’il ordonna
qu’on l’appelleroit Q uirinus , & qu’on lui ofîxiroit des facrificcs
tous les ans, '
$1 Ce fait feubauroit dd défiüer les yeux à tout le monde ; tous
Jes Savans auroient du en conclure que Romulus n’étoit pas un
mortel.
Quoi! Numa mettra au rang des Dieux un Tyran que les
Sépateqrs venoient de maffiacrer ; il forcera lés Sénateurs de lui
offrir des tecrifices , & ces Sénateurs lui obéiront, & ils feront
de Numa un Sage; & ce Sage cependant ne fera pas mis lui-
meme au rang des Dieux après te mort ! Qui ne voie l’incohérence
4de ces idées : que c’efl un Conte mal digéré : que le prendre
au pied de la lettre , c’effc tomber dans une crédulité abfor-
de, pre fqu’imb écîlle /
A quel Prince encore attribue-t-on cette extravagance,