
pour élever celui de Rome fur une bafe inaltérable.
Augufteconnoiffoit bien ce preftige,des Lettres, & à quel point
elles pouvoient fixer l’attention des Peuples à leur propre détriment
i-lorlqu’il ouvrit fon Palais aux Auteurs distingués qui fai-
Totént l’ornement de fon fiècle. Ge font eux encor ^«qui font que
le fiècle de Louis XlVeft en quelque for ter vivant pour nous; En
converfant avep ,çes hommes filufl.res,, qui ont porté foys. fo,n
régnelâglolre de notre Langue au plus .haut période,, on penfe
nvec plaifir au Prince qui les enpouragea: tout .ce qui,, fous,fon
régne put affliger les , diQjarbitj on ne voit que les .bons
effets de ces .Ouvrage? îpam.O;r.tejsy .
On a demandé ,en .quoi lqs conno,ilïances avo'ient rendu les
hommes meilleurs ? êt pp en a calomnié la fcie.nçe : mais on s'égarait
, en confondant avec plie, ces connoiffances agréables dgs
Grecs & des Romains, qui-ne font que des moyens de faire.aimçr
la fcience^ & de la mettre à la portée.de cous les hommes : de ce
que les hommes n’ont pas fu en général faire de leur efprit, de -leur
génie , de leurs taîens, l’ufage le plus eflentief, il ne s’enfuit pas
qu’il ne puifie exifler rien de njipux ; & fi ies:,Ty?n?akis manquèrent pe mieux, ce ne deyroitpas être pour nous une raifbn de le négliger
: tout comme pe feroit unblafphême contre la nature ôc contre
l’humanité, de dire que les Etats ne peuvent fubfifter à toujours
par aucun moyen poflible, qu’il faut qu’ils ayent leurs momens
de dégradation & d’anéantiffement, fans que rien puiffe y remédier,
pifons plutôt que le? Etats qui fe font anéantis , ont toujours dû
leur ruine à la njanvaife bafe fur laquelle ils étaient élevés : &que
tout Etaj: qui voudra affermir fa bafe & s’avancer avee fermeté &
avec générofité vers les moyens qui peuvent feuls faire profpérej:
jes Rations ; triomphera c^es fièçles, & fera invulnérable»
T R E L I M J N A I RÉ . cclxxiij
1 I I .
'Notice des principaux Poètes de cet âge y dont il ne refie que
/ desfragmehs. $
A N .D R,O N I C U S.
. A ndronicus eft le premier des Auteurs qui forment le fécond
;âge de la Langue Latine : Grec de nation , comme l’indique fon
nom, il fut efclavede Livius Salinator , dont il inftrûifit les enfans »
qui, par reconnoiiïance, lui donna la liberté; ce qui valut a
Andronicus le furnom de Livius. Comme il étoit verfé dans la
Littérature Grecque , ileffayadfimker en Latin ce que les Grecs
exécutoient fi heureufement en leur langue" depuis deux fiecles :
jl fut qinfi le plus.ancien des Poètes Latins.
Ce n’eft pas que les Latins' eu fient été Jufqu’alors dénués de
toutePoéfie: mais elle neconüftoitque dansées Pièces cadencées ,
.Informés & agreftesÿcpÿi’étoit pas des Comédies , des Tragédies^
ces /Pièces fuppofent ■ trop de, cônnoiflancés pour exifter
dans une Bourgade, dans orne République refferrép; ce n’eft que
dans de'grands Etats , au milieu d’une grande, Puiffance , avec un
grand'ipifir , qu’on peut étendre jufques-là l’empire.des Mufes ,
des Arts, du-Goût.; ce n’étoit pas même des Pièces comme celles
qujpn jouoit fur des tréteaux il y a quatre ou cinq fiècles ; c’étoient
fies Chaiffons, des Epigrammesdes Pots-pourris remplis de bons
mots , de plaifanteriès , de carriCatures , de traits lancés avec feu
contre les' ridicules'des Concitoyens qui y donnôient lieu.
Ces „Pièces pouvoient. être fort mal vèrfifiées 3 & cependant
très-plaifantes. ‘
On en appelioit les Vers , Saturniens^ ou de Laboureurs ,
parce que c’étoient les Hâbitans dé la campagne qui les compo-
Ibient pour égayer leurs pénibles travaux : & Fejcennins} mot
Qrig. Lat, m m