
n’en foyons pas furpris. Ce genre de recherches ne peut réuffir
qu’autant qu’on remonte à la Langue première ôcà la nature, bafe"
de toute Science : s’en féparer, fuivre toute autre route , c’eft
s’égarer néceffairement : plus on aura d’efpxit., ôc plus.OM extra-:
vaguera , plus on aura l’air du délire : c’eft- ainfi,que lés Ouvrages
de, cés Etymologiftes Latins , dê“Ménage , de Ferrari , d’une
foule d’autres, ont été de la plus petite utilité polfible , parce
qu’ils manquaient toujours par les fondemchs. -
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A R T I C L E 1 1 1 .
Etymologistes Modérais fu r la Langue Latine.
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Laplupart la dérivent de £ Hébreu.
A u renouvellement des Sciences en Europe, on s’appliqua
avec une ardeur inconcevable à l’étude des Langues favantès :
on dévora les Livres Latins , Grecs, Arabes , Hébreux, &c. en
même-rems qu’on ne négligeoit rien jpour remonter à l’origine
de ces Langues. A cet égard, il n’y eut en quelque forte qu’une
opinion ; on vit toutes les Langues, dans, l’Hébreu : chaque mot y 1
Grec, Latin, &c.'dut reifémbléry.bon .gré .xnalgré, à-un njot.
Hébreu ; on l’allongeoit, on le iaceourciffoit, on le changeoit
jufqu’à ce que le rapport fût parfait : jamais Phalaris ne difloqua
mieux les malheureux étrangers qui tombaient entre fe,s majns y
pour des affortir à la longueur de fon lit.
Il parut donc dans les xvi* & xvue fiécles une multitude d’Ou-
vrages où l’on fe propofoit de prouver que la Langue Hébraïque
eft la première de toutes les autres , la Langue-Mere dont, toutes
font
font defcendues : Ouvrages en général fans goût, fans principes,
fans critique , fans phüofophie ; malheureux efîais où l’éruditioa
edi prefque-toujours en pure perte , où elle ne fert qu’à égarerV
fruits trop précoces de çonnoiflances qu’on n’avoit pas allez appro»
fond!es :■ niais tel était le génie de ces fiécles encore barbares : on
formait des fyftêmes avant d’avoir acquis les matériaux dont ils
devojent être les résultats : 6c tout étoit bon , pourvu qu’il vint à
l ’appui de ces fyftêmes.
, C eft fur-tout^dans lçs Dictionnaires deftinés à démo-atrer que le
Latin defcend'de 1 Hébreu, que^ce malheureux efpritdé fyftême
fe manifefte avec je plus d’apparat, ôc avec le moins de fuccès.
Plufieurs Savans du Xvnf,fiécle en particulier, compoferent^
al,envi les uns des autres, des Dictionnaires pareils ; on peut dif--
tinguer ceux-ci."
§. II.
Noms de ces principaux Etymologiftes.
Etjenne Guichard , Avocat", qui fit paroître. en itfio un
, Duvr-age François i/2-S.*5, intitulé : l'Harmonie Etymologique des
Lahgues, ou il tâche de les.ramener à l’Hébreu, fur-toutffe Grec
& le Latin.
M. Georges C ruciger , qui publia en \6\6 une'Harmonie
des Langues Hébraïque, Grecque, Latine ôc Germanique.
C hrétien Becman , Théologien d!Anhale : on a de lui un
Dictionnaire Latin dérivé de l’Hébreu, fous le titre de Manuduàio
ad Latinqm L i ngu a m î^c’e fi un grós in- 8 imprimé en i62§.
E meric C asaubo’n , fijs du célébré Ifac :,il fe propofa de prou-
Ver, d apres les idées de fonpere, que la Langue Grecque eft
defc.endue de l’Hébraïque , ôc que l’ancienne Langue Angloife
vient dela Grecque.'C’ëft ce qu’il développoit dans la Préface d’un
■Qrig.Ùt. j \