
» fit toutes deux prendre pour les faire mourir : mais la nuicbet*
» dormant, la Déefle Vefta s’apparut à lui qui Iuy défendit de le
» faire : à l’occafion de quoi il leur commanda de lui ourdir un©
» pièce de toile en la prifon, à la charge qu’elles fer oient mariée®
« quand elles l ’auroient acheuée. Ces filles étoient tout le long dt®
» jour après ; mais la nuièt il en venoit d’autres par le commande-
»ment de Tarchetius, qui defïaifoient tout ce qu’elles aüoiênt
» fait & tiffule jour. Cependant , la Servante qui avait été engrofîee'
« du monftre , fe dëliura de deux beaux fils iumeaux ; lefquels;
» Tarchetius bailla à un nommé Teratius, lui enjoignant de les-
» faire mourir : ce Teratius les porta fur le bord de la riuiere,' là
» où il vint une louue qui leur donna la mamelle, & des oifeauxi
» dé toutes fortes qui leur apportèrent des-petites miettes ; ôc les-
» leur mirent- dedans la bouche , jufqu’à ce qu’un bouuier le®
» apperceut, qui s’en efmeruêiila fort ôc prk )^|Ùardiefle d® s’en
» approcher;& enlever lesenfanS,lefquels ayans ainfi eüépréfervez^;
»quand ils furent depuis parvenus en aage d’hommes, -coururent-
» fus à Tarchetius, & lé défirent. C’eft un nommé Promathion r
» lequel a efcrit une hiftoire Italique , qui f fait "ëe - coûte. Mais
» quant au propos qui a plus d’apparence de vérité , & qui eft-
» auffi confirmé par plus de tefmoins, ça effé Diodes Peparethien,
» que Fabius Piftor fuit en plufieurs ehofes qui l’a- le premier'
»upis èn auant entre les Grecs , au moins quant aux principaux
» points ».
I I I .
Romulus ne dejcendoit pas des Rois cFAlSé dans le fin s
hîjbonqùe.
Romulus n’ëtoîi: point de la famille des Rois d’AIbe•: tout
ce qu’on dit de fa naiflance & de fa mort ne font que des allé-
P R E L I M I N A I R E * Ix x v ïj
gorles, & les faits qu’où lui attribue ne font que des amplifications
de Rhéteurs : c’eft notre, troifiéme preuve.
Si Romulus avoit été petit-fils du dernier Roi des Albains 9
auroit-il fouffert que cette Ville fe fût fouftrake à fa puiffance î
qu’elle eût obéi à d’autres qu’a lui ? Un Prince qu’on nous repré-
fente fi fier, fi entreprenant, fi fort ami des combats , n’auroit-il
pas. été jaloux de réduire fous fon pouvoir la Ville de fes Peres ,
fon patrimoine ? & cependant il ne forme jamais aucune entreprife
fur cette V ille , il ne réclame pas un inftant fes droits fur elle. Il
n’en eft,même jamais queftion dans le procès intenté contre les
Albains par le troifiéme Roi de Rome, par Tullus Hoftilius -, qui,
pour fatisfaire la jaioüfie dont il étoit dévoré à leur égard, allègue
des motifs frivoles , tandis qu’i-1 auroit eu dans ces droits un
prétexté d.’une toute autre force.
. Romulus ne defcend donc d’Enée & des Rois d’AIbe que dan®
mfeafi ail ég or ique : jamaisçil n’exifta • de Romulus avec des droit»
fur ce Trône«. ..
Mais dans leJitns allégorique.
Sa naiflance eft inexplicable dans le fens hiftorique ; c’eft un
conte qui n’a pas le fens. commun : qu’on le prenne dans le fens
allégorique, il devient très-intérefîant : Remus & Romulus font
lës Diofcures Latins, le Soleil d’été & le Soleil d’hiver , Fondateurs
de tout-état agricole ; & élevés par une louve , fymbole
de la lum iere dont elle porte lev nom.
La mort de Romulus , également allégorique.•
La mort de Romulus n’eft pas moins allégorique que fa naiflance.-
Ce Prince eft mis en pièces par lés Sénateurs; & cependant il
apparoxt à lulus , il lui donne- commiffion de déclarer au Peuple
q,U on doit 1 adorer comme un Dieu, & Numa vient qui en fait le-'