
& la plupart de nos Erudits font convaincus qu’on ne fouroît
l’attaquer avec le moindre fondement.
lorfquon jette les yeux fur les Hiftoriens modernes de l’an-
eîenne Rome , 8c qu’on voit l’intrépidité avec laquelle ils apurent
les faits relatifs à fon origine j on croiroît que ces faits n ottt
jamais été conteftés, qu’il n y a jamais eu deux opinions à leur
égard : qu’il fcroit abfurde d’avoir Le moindre doute fur leur
autenticité. ; -
On eft cependant forcé de convenir que les origines Romain
nés, font enveloppées d’une obscurité qu’on n a jamais pu.difli-
per : lesRomains eux-mêmes l’avouoient 3 8c s’ils fe déterminèrent
pour certaines traditions plutôt que pour d’autres,ce ne fut pas parce
qu’elles étoient plus vraies, mais parce quelles étoient plus flatteur .
fes. C ’eft par ce motif fons doute que Cicéron toujours follické d%
crire l’Hiftoire de Rome ,s’y refufa toujours : 8e comment un PhiT
îofophe, chef en même tems de la. République , auroït-il pu fans-
péril re jettet ou adopter la plupart de ces traditions, puifque.de nos
jours , où l’on n’eft cependant pas obligé d’avoir le rneme refo
peét pour, elles , il femble qu’on, ne fauroit s en écarter fans paf-
fer pour un téméraire qui veut ébranler les vérités les.plus in-
conteftables i Cependant, dut-on dire que nous changeons tout
en allégories, nous femmes perfoadés que f obfcuritéqui couvre,
le commencement de l’Hiftoire de Rome, eft en p a r tit due à
l’allégorie /& qu’en féparant les faits allégoriques des faits, hif7
toriques, on peut rendre à l’Hiftoire Romaine toute fa.certi*-
tude. • ' ' v
Cette certitude- a cependant occàfîonné- dans ce îéc e e
vifs débats^; quelques Savansontattaq^éavecfeù l’Hiftoire'
des premiers fiecles de Rome : d’autres en ont foutenu la venté
avec autant de chaleur •>. l'Académie dés Infcriptions 8c es-
Belles-Lettres fut en particulier pendant plus de deux ans le
théâtre de cette difpute qui enfanta nombre de Mémoires.
Comme ces conteftations tiennent eflentiellement à l’objet
dont nous nous occupons ici donnons-en une légère idée.
§. III.
Pixels des Ouvrages relatifs à la certitude de l Hfoire des premiers
JUcl&s de Rome.
i.
M. DE PoüILLY'j;®i;
M. de P ouiI l y ouvrit le combat par une Diflèrtarion for
t incertitude de l’Hijloirt des quatre premiers Jîécles de Rome 5 c’eft
ainfî qu’il débuta ( 1 ).
« La plupart de ceux qui ont écrit l’Hiftoire des tems recu-
» lëSj l’ont remplie de foftîôns / foit qu’ils? ^yent déféré à des tra-
9 dirions infidelles, foit qu’ils ayent voulu flatter leur Nation ,
«ou qu’à la fimplicité du vrai, ils ayent préféré l’agrément du
» merveilleux, foit enfin ‘qu’ils ayent été fènfibles au vrai plaîfîr
» de fe jouer des autres, 8c d’acquérir en les trompant, une forte
« de fopérioritê fut eux 3 cependant l’Hiftoire ainfî altérée perd
» fos avantages, Scies obfervaripns qu’empruntent d’elle la Phy-
» fîque , là Morale, la Politique 8c le Droit des gens, deviennent
» fuîpeétés 8c trompeufes*
» Il feroit donc utile de porter le flambeau d’une févère crî-
« tiqüe dans toutes lés annales des Peuplés,; pour y démêler ce
« qu’elles renferment de douteux ou de faux 5 quelque difficile
»s que foit cette entreprife /j’dforai néanmoins la tenter 5 je c©m- .
» hiencerai par l’exâmén de l’Hiftdirè Romaine, la pfos déLébre
( 1 ) Mém. de l'AcacU dès Infer. & B j-L Tpmc V I. 14.
M