
fabriquèrent des Hiftoires pareilles fur des faits fymboliques ou
allégoriques donc pn avoit perdu infenfiblement le fil.
Pififtrate ôc Romulus n’ont point été imaginés l’un fur l’autre £
c ’eft des deux côtés la même maniéré dallégorifer les mêmes
idées. Pififtrate * qui, après avoir difparu , fe fait voir Homme un
Dieu fur le fommet du Pifée , eft le Dieu même qu’on y adoroit ;
fon nom , compofé du mot Pifée} & de celui de Stratos , C h e f,
lignifie.le Çhef 3 le (gouverneur de Pifée, dëlüi qui y régné* qu’on
y adofe.
Quant aux deux jumeaux peti^^ls de Msts' pii: - Philouoroe *
-jettés également dans un fleuve , & nourris par une louve dans
l ’Arcadie , c’eft l’Hiftoirc des Diofcures appropriée aux Peuples
.de l’Arcadie, comme fi elle concernoit des enfans du pays : elle
n’eft ni plus ni moins fabujeufe que celle de Romulus & Remus,;
At elle vient à l ’appui de Pexplieation allégorique.
3. Hifqire de KojçuLuj Sabin.
Que deviendra enfin toute cette Hiftoire du prétendu Romulus,
fi nous pouvons démontrer qu’elle fut beaucoup plus ançiénne
que Rome, & qu’on a lieu d’être étonné de la méprife ou de la
fuperftition de ceux qu i, dans IeNfixiéme fiècle de Rome fd®rk’4
niencerent d’en écrire l ’Hiftoire , & qui regardèrent commet
réellement arrivé à Rome ou à A lb e , un événement allégorique
que les Sabins racontoient déjà comme arrivé à leur Fondateur ,
un grand nombre de ftècles auparavant?
C ’eft encore Denÿs qui nous en fournira la preuve inconteltable, .
quoique perfonne n’y ait fait attention * tant on avoit les yeux &
l ’entendement fafcinés.
« Au pays de Reate, ( 1 ) dit-il, dans le tems qu’il étoit habité
( 1 ) On peut yoir ci-deffiis ce que nous ayons déjà dit de cette Ville.
par
«parles Aborigènes * une Vierge Indigène dela.plus haute: naif-
» fançe. vint pour da.nfer dan? le Temple ' çI’Enyalius. C ’eft te f
» Enyalius quçr les Sabins , & les Romains ijüpï^ eux, appellent
3ü£yiyîsys, ,quoiq-u’on,pe psuifle pa£ dire précisément s’il éft Mars
« ou fi c’efl: un Personnage différent auquel on rend les mêmes
^ n e y r s qu’à Mars,: carjes uns prétendent qu’ils défignenttoug
» deux le Dieu,de la Gùërre, quelq^é^autrêsxrqyjent au contraire
», q y e^ p^ r tt deux Divinités guerriqtes, différentes. Tandis" que
M, pètte Y/erg^ danfoit, faifîp .tout-à-coup, ;d’une .fur,eur Divine ,
v^ellç laiffe la^dgnjè & fe .précipite dans vle Sanctuaire dy Dieu , qui
" ferre auflîttôp,d£ins:fes'bras, & elles en a un fils appelé Mf^y.
«.piys F idi,u§. Ce Perfonnage étant, devenir grande fut djune
« taille au-deffus, de cqlJ^ des mortels, fa;figurç étpif celle d’uti
» Dieu ,,^6c i l fe.fit la réputation la plus .éclatante par fon,habileté
j^d|ins leg; p oi^a^.d l eyt enfuite qnviq,jie fonder tme V i lle , &•
» raffemblant defteps iesjienyirqns-tme troupe nombreufe,ii wtffl.
M,.eçi,très.-peu, detems une Ville qu’il nomma K ureis , du nom de
«. |a,Çivinitié, dont il defbjfpdQifj% ou ^
» lance ; car c’eft ainfi que les Sabins. appellent'les lances : ypilà ce
» .que nous apprend Terentius Varr-on ».. ,
Peut-on,fe refüfer au rapportJqu’on apperçoit entre le Fondateur
de la ville de Cures, Capitale des Sabins, & le Fondateur
de -la ville de’ Rbm;e dont les habitansj-étaient prëiqueLts&r ■Sa-
bins f Tousdeux nés d’unie Princeflè , tous deux étïfans.d.e Mars,
tous deux Guerriers, tous deux raffemblant des gens dentoate.
main pour bâtir finéviHé|tous deux illufeëspairleuDs .vertus guerrières
, tous dçux appellés Qûirinus, tous: dénisâfemblables atrx:
Dkèx^ ^ l f l ï dQne la même piftoire f d© m$emë conte fous -des
noms dif^rens> Rome ne voulant céder eh xiémà Çures; 1k. rivale.:’
i;
Qrig. Lac. 1