
Dieu Quirinus. Tout celaeft dans l’ordre 9 & tout cela âuroîtdû
conduire à la vérité» La fin de l’année eft toujours une mort, elle
expire mife en pièces par chacun des jours qui la compofent,
représentés comme des Décans , des Princes , des Sénateurs :
cependant le Soleil, qui en eft le R o i, reparoît brillant de gloire j
& le premier jour de l’année qui recommence, lu lus , ou la
révolution le déclare encore vivant malgré fa mort, & prouve
qu’il eft lePere des tems, le Dieu de l’immortalité.
Il n’eft cependant pas étonnant qu’on fût dans les ténèbres malgré
cette vive lumière : c’eft qu’on dénaturoit ces objets, fous prétexte
de les expliquer.
« Quelques Auteurs, dit Denys, ( i ) fupprimant tout ce qu’il y
m a de fabuleux comme indigne d’être mêléavecrHiftoire, mettent
» au nombre des abfurdités Ôc des hélions poétiques , la louve
» apprivoifée qu’on prétend leur avoir préfenté fes niammelles ,
»(à Remus & Romulus).... & ils.changent cette louve en, une
» femme de mauvaife vie » ....
Mais loin de féliciter ces Auteurs de leur merveilleufe pénétration
, on doit attribuer à çe malheureux fyftême d’expliquer
par l’Hiftoire la Mythologie entière , & à ce funefte triage de
faits fabuleux & de faits hiftoriques, quoique faif'ant partie d’un
feul & même récif /an doit, dis-je, attribuer à ces vues raccourcies
, l’ignorance totale dans laquelle on a été jufqu’à préfent fur
la lignification de ces faits primitifs. En fupprimant le-, fabuleux
qu’ils renferment, en tordant leur fens , on en détruifoit l’eu-
femble, on s’ôtait tout moyen de parvenir au vrai.
Otez de l’Hiftoire de Romulus cette lo.uve , cette mort, cette
déification , il ne refte plus rien.
{ i} Liv. I. ch. XIX.
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| | I V .
Hiftoirc de Romulus calquée fu r d'autres*
Les Anciens d’ailleurs étaient accoutumés à raconter de leurs
premiers Rois-Soleils, des aventures femblables à celles qu’on a
mifes fur le compte de Romulus.
ï. Sur çtÜe^de Philo NO MB,
^Zopyre deByzancê, cité par l’Autêdr Grec des parallèles Grecs
St Romains-,- dit que Philonome, fille-dé Miétimus, eut du Dieu
Mars- deux gémeaux qui furent jèëtës5 dans l ’Erymanthe. L ’eau
porta ces enfans dans le creux'd?uh arbre où une louve les allaita;
un Berger’frappe ;de ce prodige, prit foin de les élever, & ils
devinrent Rois d’Arcadie.
2. SuT ç e lf f un; Roi etOrçhomèns,
La mort de Romulus eRde même femblable à celle d’un ancien
Roi d’Ofchômène , appellé'Pi'sisTR&TÉ. Les iSénàteurs indignés
que ce Prince fût plus favorable au Peuple qu’à ta Noblefle,
l ’afTaffinerent: chacun d’eux emporta fous fa robe un de fes membres
; & Tlefimaque , pour prévenir une émotion populaire ,
feignit qu’il avoir vu Pififtrate monter au fommet du Mont Pi/ee
fous la figure d’un Dieu-: c’eft âtpfi,.ajoute le même Auteur , que
le rappoxtoit.Théophile dans fon Hiftoire du Péloponèfé.
! Les tenans pour & contre la-certitude des Origines Romaines j
ont anéanti là force de ces pàlfages en n’y voyant que des faits
hiftoriques , empruntés, félon les uns, de l’Hiftoire Romaine par
les Grecs /tandis que les autres prétendent que les Romains furent
les plagiaires. Tous fe trompent : aucun de ces Peuples ne dut à
cet égard rien à l ’autre : tous puiferent dans le même elpric ; tous