
peut jetter un fort par des paroles magiques , par un malum
carmen, un funefte charme, fur la fauté', fur les troupeaux, ou
fur les Champs d’un voifin. Qui croiroit que ce préjugé exrfte aux
portes de Paris , & qu’i l y a peu de tems qu’à deux journées de
Cette Ville îmmenfe,un malheureux futaffommé, brûlé ,martyrilé
par tous ceux de foir V illage fous ce prétexte ?
Dans de telles Peuplades, on lie peut trop- féyir en effet contre
des oerfonnes qui paroiffent auffi dangereufes : c eft à la phi o o
phie, à-la faine la ifo n S éclairer ces infortunés , dont les idées
mélancoliques nWiôïdent fi • g r a v em e n t à l’homme un h grand
pouvoir, quepouTaccroître le nombre, des;maux dont ils fo n ti^
proie Fôc leurf’ fake voir dan^cesvaifmsydontja fociété:
devrok faire leur-bonheur, non des amis , des concitoyens | des.
frereV/triais-des rrîonftrës nés pour leur malheur-.
Cet'téLoi- des X I I Tâbles-/quifchbfurdtf de la maniéré dont
on Fentendoit, devenait néceffaire dans cet efpsit : c eft. tout ce'
que- l'ignorance 6c l’erreùr pouvoiént ^ppôfer^à de pareils maux ,,
en attendant-que-dès lumières fupérieufês vinffent démure des
préjugés auffi ridicules que fuheftes : màis;eomment ont-ils pu le
propager fufqu’à préfent en tant-de contrées ggg Royaumes.
de FËurope g ’ „ ,
Environ un fiècle après cette Loi-, ewqstovun-fféau terrible
oecafionna Fétabliffement- d’un Théâtre à Rome. Une pefte affreuf©
faifbit les- plus grands ravages dans cette Ville , &->ett0it fes Ha-
Gitans dans là-plus profonde confternation, dans une noire-trifteffe*
<Dn eonfulta l’Oracfe. Perfuadéèqu’il n’y-avoit qu’une dïverfiom
gaie ôc agréable qui pût diffiper ces terreurs g cët abattement, il.
ordot^l^ux^r^ri^Çie ^armenU la P o é fie l| plus gaie ,; la plus-
amufantè., la plus propre à adoucir l’efprit : on fit donc venir de
h Tofcane. des Joueurs, qui, au fonde leur flûte I e*écntoientc
des danfes, dignes, à ce qu’on croyoit, d’appaifer la colere des
Dieux, & qui remirent parfaitement les efprits.
La jeuneffe Romaine fe hâta de joindre ces danfes à fes Vers
Fefcennins, 6c bientôt il en réfui ta ces Farces appellées Satyres ,
berceau de l’Opéra, puifqu’on y réuniffoit la Poéfie, la Mufique
&la Danfe même,, celle des Balets*
L e mot Satyre défignoit ainfi dans l’origine un mélange de tout
ce qui pouvoit compofer une Pièce de Théâtre, ôc c’eft ce que
lignifie en effet ce mot : mais parce qu elles ne cefferent pas d’être
remplies de traits mordans- contre ceux qui prêtoient au ridicule
de toute efpéce, leur nom fe prit infenfiblement en mauvaife
. part, ôc fe revêtit du fens qu'on y attacha enfuite chez les Romains,
lé feUl qjti’il ait-encore actuellement*
Ces Satyres ou Farces ne difeontinuerent pas forfque Rome fut
riche en Pièces dramatiques : on les jouoit à la. fin des grandes
ifl|ees,-Oqmme nos petites .Pièces pu Farces, dont le nom a
précifément la même fignification^ ôc dont le but eft le même, de
faire rire aux .dépens des ridicules ; mais dès-lors , le nom de ces-
Satyres fut changé en celui à’Exodium, ou fortie, tffue , fin. Les
Afteurs lesjouoient avec les mêmes, habits , 1e même inafque qu’ils-
avoient porté dans la grande Pièce. ‘
La première Pièce d’Andronicus fut repréfente'e l’an 5 ïq j ’ânnée'
d’après la première guerre Punique , 1 éo ans ou-environ depuis la-
mort de Sophocle ôc.d’Euripide, 221 ans avant celle de Virgile..
Il eft fâcheux qu’on1 ne nous ait confervé de ce Poète que quelques
Vers lans fuite , fuffifans cependant- pour nous donner, une?
grande,idée de fa.douceur ; voic-Lie fragment le plus long qui
exifte : !
, Et jam pürpureo Juras includê cothur 'np , |
Malthsits & rtvoett- volucrcs in geclore Jijius*