
Alium tcnct, alii nutat, alibi manus
Efi occupât a : ctlii pttvtllit pcdern,
Alii dut annulum exfpeSandum à labris.
Alium invoeat » eum alio tantôt , at taitun »
Aliis dut digito literas. ' *. ■ ■
« Pareille à la paulme qui amufe tous les Joueurs, qui & donne à run, se
», eft le partage de tous : elle embraffç l’un , elle fait figue à l’autre ; fe?, Plec)s
» diftribuent fes faveurs entre un plus grand nombre, & ne paroiflâ^tocçup e
%'qu’à présenter Ion diamant à fonvbïfîn , elleinvite cclui*ci,'élle chante avec
jj celui-là, & elle remet un billet à un autre ».
B H N I U S.
Livius Andronicus charmoit depuis un an les oreilles Romaines
, lorfquTnnius naquit d’une qui4efcendoit *
difoit-on, de ce Roi Meflapus que Virgile chanta long-tems après,
( En. VII ). C ’eft la ville de Rèdos dans la Calabre qui lui doftna
le jour : ainfi fa langue maternelle fut le Grec ; il y joignit la con-
noilfance de la Langue Ofque &iàe la Latine, Je ne fais quelles
aventures le conduilirent dan§ Pille de Sardaigne ; mais elle devint
la fource de fa gloire, M. Porcins Caton nommé Prêteur de
cette Ifle y rencontra Ennius âgé de 40 ans ; il ht çonnoiflance
avec lui, apprit le Grec à fon éçole & fu.t, fi charmé de fou fa-
voir & de fon mérite, qu’il l’amena avec lui à Rome » regardant
cet avantage comme le triomphe le plus illufire. Livré en fuite à
lui-même, Ennius fç retira fur le Mont Aventin dans le Bocage
de la Déeffe Tuteline, content de peu avec un feul domeflique,
enfeignant, & chez lui au dehors,les Langues Grecque & Latine
; il faifoit connoître les beautés des Auteurs' de Punie, & U
lifoit fes ouvrages dans l’autre ; il le fit avec un tel ftjeç|s que
la jeune Noblefle Romaine fut le Grec comme fa propre;
Langue.
P R E L I M I N A I R E clxxxiij
Comme cétte jeunefle§ il porta également les armes ; il fervit
en Sardaigne avec P. Cornélius Scipion, & en Etolie en qualité
de Centurion fous M. Fulvius Nobilior en $64 , qui voulut Savoir
avec lui. Il chanta les exploits de fon illuftré ami, les lauriers
dont il s’étoit couvert dans Cette glôrieufe campagne : celui-ci pat
reconnoiflance & par amour pour les Lettres, éleva un Temple
à l'honneur d’Hercule chef des Mufes, & il l’enrichit des dépouilles
de Mars. Quelques années aprèsà QuintuSjfils de M. Fulvius >
ayant été nommé un dtes Triumvirs pour les Colonies qu’on en-
voyoïtà Pollentia & à Pifaure^li y'donna donna droit de Bour-
geoifte Romaine à Ennius $ oe^quiht dire à ce Poète dans fes Annales
:
tfos fumu' Romand, qui fuvimus ante RodaicU
Ces Annales formoient un Poème en XVIII Chants, oit il a voit
«enfermé toute l’Hiftoire Romaine : ce fut le plus confidérable de
fes Ouvrages, celui qui lui valut le titre de Poète Epique par excellence
, & que les Romains, Cicéron lui-même, ne pouvoient
affez louer : ôn en faifoit un fi grand cas qu’on le chantoit en plein
^Théâtre comme les Poëfies d’Homerè : & c’étoit pour un Afteur
un grand fujet d’éloges que d’être en état de déclamer ces Annales.
Aulugelle parle d’un grand Aaeur qui en étoit fi glorieux
qu’il en prenoit le titre &Eimianifte<
Ennius compofa aufli des Fables êt quatre Livres de Satyres:
il chanta également le premier Scipion Africain.
Il ne fe borna pas à être Auteur : il fut aufli Traduaeur ; il tra-
ebifit les Livres «I’Evhemere fur les Dieux & diverfes Tragédies
& Comédies Grecques , avec un fi grand fuccès, que Cicéron dit
(1) qu’on aimoit mieux les lire dans la traduaion, que dans IO t
liginal. ___
n n ij ÎÇ t ) De optimo généré Orat.