
cccx D I S C O U R S
S. I.
Des mots radicaux, dérivés, ù'c.
L’inftrument vocal fournie un certain nombre de fons Amples
& primitifs qui compofent fon étendue entière, ôc au-delà de
laquelle l’homme ne peut aller. Cet enfemble ferme néceffairement
les éléraens de toute Langue : chacun de ces fons devient un mot
qui a une valeur première & déterminée, dont on n’a jamais pù
^’écarter. C’eft ainfî que,
A * peint faute idée de pofTeflSon.
£ , tönte idée d’exiftence.
M, toute idée:degrandeur, feit qu on en falle ma, me, mi, ù’ci
mi am, cm , im.
At, toute idée d’élévation , foitqti’on le prononce en Al rôti
qu’on l’adoueiffe & qu’on le diyerfifie en Ail , El , Il , Ol , ou
qu’on le modifie en Hal , JW, Cal y Fat, MàL
Ac , toute idée de pointe , de piquant, &c.
Ce font ees mots Amples, monofyltabiques , peu nombreux ,
qu’on appelle Primitifs ou Radicaux , êt qui font les élémens
Au langage,.
\Ces mots,fuffifans pour peindre une foule d’objets phyfiq.ues &
naturels , ne l’étoient pas pour peindre une multitude d’idées
aBftraites ou acçeffoires relatives à ces objets, pour peindre leurs
rapports, les Etres compofés, les Etres immatériels , métapby-
Aques, &e. Il fallut alors revenir fur ces mots primitifs , les
combiner entr’eux, en former de nouvelles maffes. De-là réfutèrent
pluAeurs autres efpéçes dé mots.
i °. Des mots Binômes , ou mots compofés de deux autres,
ï°. Des mots Déri vés , ou mots radicaux auxquels on a ajouté
une terminaifem
y*. Des mots Composés , ou 'mots radicaux à faféte defquels-
cm a joint une fyllabe pîèpo'Etive.
, AinA du radical Ten , a&ion de tenir , on formales binômes
Lieu-tenant, main-tenant, les dérivés T'Etant, TENace, Tuteur,
L'eu ailfes, SCc.
Les compofés Re-timir, tfé-Tzmr, Jou-frtnrr, dominent,
C’eft ainfi que fe font formées toutes les Largues : aucune dont
lès mots me rentrent dans l’une ou l’autre de ces quatre claffes.
Les dérivés & les compofés d’une ‘Langue ont encore cet avantage
, que les terminales qui conftituent dans une Langue les
dérivés d’un mot radical, & les_initrales qui conftituent les eonw
pofés de ce même mot radical, fervent également à fermer les
dérivés'& les compofés de tous les autres mots radicaux employée
dans cette mêmfcLangue.-
;; xDh fetît dès-l'orS que la vraie cotînoiffaricè d une Langue dépend^
le cèîlé de fes radicaux :Sc telle eft la.bafe fur laquelle roulent
fios €hriglflésvË'âtlnëS.'
Nous commençons toujours parlé motradical : nous en conf-
tätöfislä Vàlèurprimitive dans les Langues antérieures à la Langue
Lâlïîe tendus rappbrtonsia formequ’il prit chez les Latins, &Ia
valeur qu’ils lui attachèrent : nous mettons à fa fuite les mots qui
•enfotrt provenus,-diVifëspar' claffes ; & dans chaque claffe Isa
Tàinümes, les dérivés & les compofés qui lui font propres^
tf- I L
r-Ayantages-de cette iMétkode.
Il ri’èft aucun de nos Leâëurs qui ne fente déjà' les avantages
inéftimàbles d’unepareille méthode. JüfqU’ici, l’étude des Langues
Gonfiftoit à apprendre un$ foule immenfe de mots entaffés auhafard-
les uns fur les autres^ fans aucun rapport entr’eux, & fans qu’on