
foicnt : vos Dieux ne font donc que des hommes, pulfqu’on
montre leurs tombeaux en tels ôc tels endroits ? ôi ils çroyoient
triompher. Ils ne montroîent que leur ignorance, & combien
on s’étoic éloigné du génie.allégorique qui avoit établi toutes ces
choies.
Ces prétendus.tombeaux étolent autant de Temples, de Mo*
nu menslÿrnboliques, de Hauts lieux -élevés.à l’honneur de la .Divinité
, ou relatifs à fon culte & à fes myftères. \ •
Ces Monumens étoient ordinairement placés fur des hauteurs
ombragées d’arbres qui fervoient de hauts lieux , de - bois
lâcrés, & qui furent les premiers Temples.
Comme-ces tombeaux étoient néceflairement vuldes', on di-
foit que l'Epoufe du Héros avoit fait de fon propre corps.le vrai
tombeau do .fon Epoux en le mêlant aveqfes alimens. C’eft
ainfi qu’on expliquoit le Cénotaphe ou tombeau vüide qu’ont
voyoit dans le magnifique monument élevé, à l’honneur du pré-*
tendu Maufole, Roi de Carie", par Àrtemife fa prétendue fçm-
,Hie : & qui étoit furmonté d’une Pyramide couronnée d’un
char à quatre chevaux en marbre : mais on né voyoit pas qu’AR-
temise eft en Grec le nom même de Diane ou de la . Lune®
■ que le Roi auquel elle éléve ce monument eft nécefïàirement le.
pSoleil fon Epoux , Roi de la contrée >• que le nom de ce Roi eft
J’orientai VfcfO, MttsoL , qui lignifie Ro i ^-SouyeraÊn , épithète d,u
Soleil j tandis cpx’A rtemife, compofë de deux mots Orientaux, lignifie
la régie de ha Teirei que Ca r i e , lignifie le pays des Laboureurs
, Car, Icar, A-gar ^ un Laboureur ; •& que Pénfemble
de cette Hiftoire étoit relatif au culte du Soleil. Il étoit d’autant
plus aifé de s’y tromper , que l’Hiftoire de Carie eft a.bfo-
lument inconnue, & que les Hiftorfons qui ont parlé de ce monument
, paroiflent ne l’avoir fait qu’en voyageurs peu inftruits,
C ’ëft donc un nouveau Roi - Soleil à ajouter à tous ceux que
nous avons découverts jufqu’ici. N’omettons pas qu’on trouve
dans Hérodote une anecdote qui nous apprend (i ) que le
nom d’Artémis s’étendoit fort au-delà des Grecs SC des Cariens.
Il dit que chez les Scythes, Vénus Uranie ou-la Lune s'appellent
Artimpasa 3 mais on- fait que chez' tous lés Peuples du
Nord , ainfi que chez les Etrufques1, lés Dieux s'appelaient As ,
les; Déeftès Asa- : ce nom Scythe de la Lune fignifie donc mot-
à-mot la Déeflè Artim , ou Artémis. -
Ce qui induifôk encore plus dans'l'erfêûfau lujct’de ces prétendus
tombeaux, c’eft qu’ils étoient environnés de hauts cyprès,
arbres çonlacrés aux morts, & qu’on plaçoit ici fans doute
pour marquer la mort Ipirituelle au' vice ou le renoncement à
la vie mondaine , qu’on étoit cenfo promettre en s’attachant au
culte de ïà Divinité adorée en te Üéu;
Ajoutons que les mots Tombeau & Colline ou Haut lieu
ét oient des mots âbfolurnent lynonymes. T aphos en G r e c ,
T üwpueus en Latin-, offrent la double idée de Tombeau & de
Haut lieu.
Elles“fè trouvent'réunies dans la defeription que fait VIRGILE
d’un vîéuic Temple aux portes de Troie:
EJl urbe cgrejjis Tumulu's Templumque vetujlum
Defertcs Cereris : juxtaque antiqua Cuprejfus '
Religions patrum multos fervata per annos. Æneïd. II. 713.
» On voit près de la ville un Tumülus ( Colline-Tombeau , J
» avec mi ancien Temple de la délaifféeCerès: il eft ombragé d’un
» antique Cyprès qu’on laiflê fubfifter depuis un grand nombre
l;i ) Liv. IV. n°. jf,