Au coucher du soleil, des buffles sont signalés; nous débarquons,
Klass et moi, sur la rive droite. Nous approchons à portée d’un buffle
qui est à moitié caché dans les taillis. Je fais feu! Prompte comme
l ’éclair, la bote blessée opère un demi-tour et tête baissée, queue en
l’air, nous charge à fond de train. Klass, à quelques pas derrière moi,
me crie : « Look out, they are coming »! Attention, ils viennent!
Trois autres buffles, que nous n ’avions pas vus .et qui paissaient
dans un repli de terrain à notre gauche, attirés par la décharge, arrivent
au galop, passent à angle droit à quelques pas de moi et entraînent
avec eux la bête furieuse qui était sur le point de m’atteindre!
Pas un passereau ne tombe à terre sans la volonté de Celui qui tient
nos vies entre ses mains.
Peu de temps après, la bête poursuivie a été achevée. Ce buffle doit
peser de mille à deux mille livres; il est dépecé au clair de la lune.
Cette abondance de viande, quoiqu’elle soit loin d’être appétissante,
remplit de joie les bateliers; elle a un fumet très prononcé. Le
lendemain, jour de repos; le « beltong », longues lanières de chair,
suspendues à des chevalets improvisés, sèche de tous côtés au soleil.
Avec le dur travail des hommes, ce surplus de nourriture est loin
d’être un luxe.
Trois hippopotames prennent leurs ébats dans le fleuve vis-à-vis
du campement.
33 septembre. — Nous reprenons nos canots ce matin de bonne
heure et nous passons sur les ondes bleues du beau fleuve entre des
îles et des îlots verdoyants. Les bateliers aiment à lutter de vitesse
entre eux en s’excitant par des cris; mais ils ne dédaignent pas non
plus de ralentir leur marche pour causer, rire et surtout s’offrir réci