hésiter : il faut nous mettre à l’oeuvre et malgré un soleil cuisant,
décharger une partie du contenu. Nous avons beaucoup de peine a
relever cette énorme machine qui, heureusement, n’a pas subi dans
sa chute d’avarie sérieuse. Au moins deux heures perdues!
*29 avril. — Comme hier, pays pittoresque, montagneux et boisé;
nous avons eu ce malin, de bonne heure, la visite de natifs qui nous
apportent dans une outre du lait caillé. Cette contrée est parsemée de
« cattle posts » où, pendant la saison favorable, les propriétaires
envoient leurs bestiaux sous la garde d’esclavés ; ces derniers rappellent
les serfs russes de l’ancien régime. Malgré la grande abondance
de bétail, il est impossible d’obtenir de ces gens du lait frais:
ils le considèrent comme malsain. Tout leur lait est caillé; cette opération
se fait naturellement car, par principe, ils ne nettoient pas les
ustensiles où ils déposent ledit liquide. Nous rencontrons des indigènes
montés sur des taureaux ; une lanière passée dans les naseaux
leur sert de bride ; ils les font marcher grand train.
Un vaste nuage de sauterelles passe à notre droite; nous l’avons pris
au premier abord pour une épaisse fumée. Enfin, nous avons en vue
la petite ville indigène de Mashupa (Gattin), où nous devons faire une
halte; nous n ’avons plus qu’une plaine à traverser pour l’atteindre et
gagner notre repas bien mérité. Elle est presque franchie, lorsque
subitement nous sommes arrêtés de nouveau : cette fois nous sommes
ensablés! Les attelages sont doublés pour nous tirer de ce mauvais
pas, mais rien n’y fait. 11 nous faut dételer, laisser nos bêtes brouter
et se reposer. Entourés de nombreux indigènes curieux et sous un ciel
brûlant, nous allumons notre feu, nous préparons notre déjeuner.
Puis nous déchargeons l’arrière du wagon, le remettons sur roues, le
NOS CHARIOTS.
Dessin de Gotorbe. D’après une photographie de l’auteur.
rechargeons et nous partons, non sans avoir dit son fait à Adam, le
conducteur.... Ce qui ne l’empêche pas de nous ensabler une seconde
fois dans la soirée, en passant le lit d’une rivière desséchée.
ire
30 avril.■ Adam s ’est enfui pendant la nuit; nous élevons
Jacobus dont nous sommes contents, à la dignité de conducteur
du grand wagon. Reid, qui n’en est pas à son coup d essai, prend
la conduite de l’autre wagon, puis en route. Nous voulons rattraper
le temps perdu et faisons sans accroc trois « treks » dans la
journée, augmentée d’une forte marche de nuit. Nous ne regrettons
pas Adam, qui n’était pas à la hauteur de sa tache et qui, se
croyant un personnage indispensable, prenait une attitude intolérable.
mai. — La contrée est plus ouverte; nous marchons dans une
longue vallée. Au milieu de la journée nous arrivons à Molépololé,