impossible de ne pas constater — comme du reste beaucoup de Boers
l’ont fait eux-mêmes — la bravoure de ces quelques centaines do cavaliers
accomplissant en trois jours et trois nuits, presque sans sommeil
et sans avoir le temps de prendre de la nourriture, une marche
forcée de près de trois cents kilomètres; ils ont, en une journée,
franchi une distance de cent quarante-quatre kilomètres.
Suivant leur tactique, les Boers, qui sont d’excellents tireurs, les
ont attendus dans une position où ils avaient tous les avantages. Les
cavaliers de Jameson ont perdu un septième ou un huitième de leur
effectif, environ quatre-vingts tués ou blessés et ils ne se sont rendus
qu’à la dernière extrémité.
Voici d’ailleurs en résumé le récit de cette incursion par un homme
qui a accompagné la colonne; je le traduis d’après l’un des journaux
locaux qui l’ont publié :
—• « C’est dans la nuit du 30-31 décembre, entre onze heures et
minuit et en deçà de Krügersdorp, qu’un premier corps de Boers
tâche de nous arrêter; nous sommes sur une colline et les Boers font
feu sur nous; nous déblayons le terrain avec les mitrailleuses Maxim
et nous reprenons notre marche.
« Nous avons assez de vivres; mais le temps nous manque pour
manger et nous reposer. Depuis que nous avons franchi la frontière
du Transvaal, nous avons eu seulement une heure de sommeil, cela
lors du premier engagement dont j ’ai parlé et après la dispersion
des Boers; le reste du temps, nous avons marché.
« De bonne heure, au matin du 31 décembre, nous tirons quelques
coups de canon; les Boers avancent du côté de Krügersdorp. A onze
heures du matin, nous pouvons manger et avoir un peu de repos; à
une heure de l’après-midi, nous reprenons la marche toujours en deçà
de Krügersdorp. Près de là, les Boers s’étaient retranchés dans une
A JOHANNESBURG. — J_,E RAID DE JAMESON. 255
mine dont ils occupent les parties élevées; nous bombardons leur
position avec nos pièces de campagne; le feu dura toute la nuit et
les attaques se succédèrent jusqu’au malin du 1er janvier. A ce
moment notre camp venait d’être formé, l ’ordre de desseller n’avait
pas encore été donné, lorsque nous fûmes accablés par le feu des
Boers.
« La dernière bataille a lieu non loin de Dornkop, où les Boers
tenaient une position dominante ; un détachement d’hommes de notre
colonne, avec une mitrailleuse Maxim et un canon de campagne, sont
envoyés dans cette direction; une fois leur but atteint, ils reconnaissent
que les Boers occupent une seconde position en arrière de la
première et notre corps principal est bientôt pris entre leurs deux
feux. C était le seul endroit ou nous pouvions nous frayer un passage;
mais c’était une opération dangereuse. »
Le gouvernement provisoire ou «: Reform Committee » fait afficher
le 3 janvier les deux proclamations qui suivent :
« 1. De la part du représentant de Sa Majesté au secrétaire du
« Reform Committee », Johannesburg :
« Sur la requête de la députation que vous m’avez envoyée, je me
suis mis en rapport avec son Honneur le président du Transvaal et il
m a donné l’assurance que, jusqu’à l ’arrivée du haut commissaire, qui
a quitté le Cap ce soir, Johannesburg ne sera pas envahi par les Boers,
cela à la condition que le peuple de Johannesburg n’enfreigne pas la
loi et ne commette aucun acte d hostilité contre le gouvernement.
(Signé) J. A. d e W e t , chargé d’affaires de Sa Majesté.
« 2. « Reform Committee » notice : Le comité reconnaît que, à
1 heure qu il est, la situation où se trouve le docteur Jameson est de