occasionner un empoisonnement du sang. La veille déjà, ses flancs
battaient avec violence; fièvre et prostration. Grâce à une forte dose de
quinine il semblait mieux, lorsque quelques heures après il est tombé
mort pendant qu’il était mené à la main. Première victime de
l’expédition !
Après le repas du soir, les cinq sujets que Khama a autorisés à
nous accompagner et qui, jusqu’à maintenant, étaient revêtus de la
manière la plus sommaire de quelques peaux de bêtes sauvages, nous
demandent des vêtements en avance sur leurs gages. A la lumière du
foyer et séance tenante ils revêtent, qui un veston, qui un pantalon.
Leur joie se manifeste par de grands éclats de riref; finissant par
devenir contagieux. Ces pauvres gens sont des aborigènes conquis
par les Béchuanas et réduits par eux en esclavage. 11 n’v a pas longtemps
qu’ils ne pouvaient rien posséder; tout ce qu’ils gagnaient
appartenait de droit à leurs maîtres. Ivhama a beaucoup amélioré
leur sort.
22 mai. — Avant d’arriver à MabeluPudi, nous faisons une halte pour
le déjeuner. Après avoir allumé le feu, nous nous apercevons que nous
avons empiété sur la demeure d’un scorpion venimeux que nous nous
empressons de déterrer et de tuer; il ressemble à une grosse araignée
velue.
A Mabelu l ’.udi nous trouvons de l’eau; nous y restons deux jours;
des bergers viennent nous offrir cette fois-ci non seulement du lait
caillé, mais du lait frais dont nous faisons une ample provision.
Nous déterminons notre position par rapport à Palapye ; la chaîne
des montagnes sur le versant de laquelle la capitale est adossée porte
mes pensées du côté du Jura. Entre les Choping Hills et nous s’étend
une grande plaine boisée, légèrement ondulée, d’où s’élève çà et là
un mamelon.
Au sommet de la colline où nous sommes postés, superbe position
lactique découvrant la contrée avoisinante, nous trouvons les restes
d’une muraille qui date probablement du temps où les Béchuanas se
sont emparés de ce pays. Près de là, nous remarquons un cactus
mesurant plus de 30 pieds de hauteur.
Nous aidons Reid, ce qui se répétera fréquemment dans la suite,
à prendre la latitude du lieu où nous sommes.
La Société royale de géographie de Londres a confié au capitaine
Gibbons un sextant, un horizon artificiel, un chronomètre, une boussole
prismatique, un baromètre, un hypsomètre. Reid possède
en propre le même assortiment, plus un puissant télescope pour
relever les occultations; en outre, chacun de nous a en sa possession
boussoles, thermomètres, etc., ce qui fait que de ce côté-là aussi,
nous sommes bien fournis. Je dois encore mentionner que Reid
emploie un enregistreur très ingénieux, qui s’adapte à l’une des roues
du chariot et indique le nombre de tours effectués. Par un simple
calcul, il obtient ainsi exactement la distance parcourue d’une étape
à l’autre.
Nous sommes rejoints ici par un second contingent de sujets de
Khama, appartenant à une caste supérieure; ce qui porte notre personnel
à seize hommes, nombre qui s’augmentera dans la suite.
24 mai. — En quittant Mabelu Pudi, nous remarquons un vol de
sauterelles aux têtes et pattes rouges, aux ailes zébrées de blanc et
de noir, les arbrisseaux en sont garnis, comme de véritables grappes
vivantes; elles détruisent toute verdure sur leur passage.