qui me permettra de visiter la célèbre mine d’or « Robinson » le 2 janvier...
si l’état dans lequel se trouve le pays ne la force pas d’arrêter
le travail. Autre présentation à M. A. W..., le directeur de la « Ira n s -
vaal Coal Trust Company », mines de bouille qui se trouvent a l’est
du Rand et que je désirais voir aussi. L’autorisation demandée est
aussitôt accordée, quoique M. A. W ..., étant donnés les événements
politiques qui se préparent, doute que je puisse réaliser ce projet.
Aussi, comme la date n’est pas indiquée sur la carte d’entrée, je m’y
rendrai à mes risques et périls demain matin.
A la station, au moment du départ, j ’ai la bonne chance de faire
la connaissance de M. E. W ..., l’ingénieur en chef d e là « Transvaal
Coal Trust Company ». Il me donne pendant le trajet des détails du
plus haut intérêt sur le bassin aurifère que nous traversons en diagonale,
direction est, pour arriver à Brackpan, la plus importante des
houillères exploitées par ladite compagnie.
Après le lunch, accompagné d’un ingénieur spécial nous descendons
par un puits vertical, à une profondeur de cent trente pieds,
jusqu’à la galérie principale creusée dans la houille. Elle est éclairée à
l’électricité; l’ensemble des galeries comporte une longueur d’environ
quarante kilomètres. Ce sont des équipes de noirs, surveillés par des
blancs, qui armés de pioches, extraient la bouille. Elle est ensuite
entassée sur des wagonnets, lesquels sont remontés à la surface par
des ascenseurs. Une ingénieuse machine trie alors le combustible,
dont les plus gros morceaux sont mis en sac et immédiatement
chargés sur les wagons de la ligne ferrée qui aboutit à la
houillère.
Après cette visite intéressante, l’ascenseur nous amène de nouveau
à la lumière et nous pouvons constater que les événements se précipitent.
L’ingénieur en chef, M. E. W ..., arrive à son bureau armé d un
fusil; il va tenir conseil avec son état-major, composé de cinquante
blancs, pour discuter les mesures à prendre afin de sauvegarder les
intérêts de la mine, où travaillent encore sept à huit cents noirs qui
ignorent ce qui se passe.
Enchanté d’avoir réussi, j ’ai juste le temps de changer l’équipement
dont j ’ai été revêtu, contre mes vêtements, et de reprendre le train
pour Johannesburg.
Sur le parcours du chemin de fer à travers le Rand, de nombreux
blancs et noirs quittent les mines. Enorme affluence à Park-Station ;
en sortant de la gare, nous voyons, premier signe des hostilités, une
patrouille de cavalerie composée de volontaires, le mousqueton à
l’épaule. L’écusson fédéral resplendit sur la façade principale de la
maison du consul suisse, M. F., lequel à tout hasard, a préparé ses
armes.
Le mouvement était peut-être concerté, et aujourd’hui la ville
est en pleine révolution contre les autorités du Transvaal. Un gouvernement
provisoire ou « Reform Committee » vient d’être nommé;
il occupe le centre de la ville, les bâtiments du « Goldfield Office >>
Une garde civique, un service de police spécial, des ambulances,
des refuges pour les femmes et les enfants sont organisés. Une
promenade en ville offre un spectacle inoubliable. Des milliers de
volontaires s’enrôlent et sont armés dans les divers lieux de recrutement;
les rues sont remplies d’une foule enthousiaste qui les acclame
à leur passage; des chars de munitions circulent au grand trot ainsi
que des véhicules de tous genres, sur lesquels se trouvent les bagages
de personnes qui habitent les environs et qui viennent se réfugier à
Johannesburg. Des estafettes brûlent le pavé au galop de leurs chevaux.
Soudain, une grande nouvelle se répand comme la foudre et électrise
des milliers de personnes : un corps de sept ou huit cents cavaliers de