16 ju in . — Nous faisons une halte à la « mare du Baobab ».* Un
superbe arbre de ce nom, dont le tronc mesure près de huit mètres
de circonférence, se dresse sur ses bords. La forte toile à -voile qui
recouvre le grand wagon a été déchirée par les épines; elle doit être
réparée d’urgence.
Nous faisons un excellent déjeuner composé de langue rôtie et
de biftecks de girafe.
Avant-hier, nous avons pourchassé à cheval un troupeau de zèbres ;
ces derniers jours, nous avons à plusieurs reprises relevé des traces
anciennes d’éléphants et des empreintes fraîches de lions.
Depuis la mare du Baobab, nous avons de nouveau des éclaircies et la
piste de sable alterne avec du terrain plus dur: ondulations de terrain.
Nous passons la ligne de. faîte des eaux : au nord s écoule le
Zambèze, au sud le Limpopo. Ce faîte a une altitude de 3000 à,
3500 pieds au-dessus du niveau de'la mer.
En observant l’aspect de cette contrée, on se demande si elle n est
pas fondée cette opinion émise, je crois par Livingstone, que le pays
situé entre le Zambèze et Shoshong*, formait primitivement un grand
lac ou mer intérieure qui a été réduit au Makarikari actuel, lorsque
cette masse d’eau s’est ouvert un passage du côté de l’océan Indien,
à l’endroit appelé aujourd’hui les Chutes de Victoria {Victoria
Fails).
17 ju in . — En arrivant à la rivière Daka, réduite pour le moment
à son plus bas niveau, nous débouchons sur le campement de trois
1. Ancienne capitale, maintenant délaissée de Khama, chef des ba-Mangwato; elle se
trouvait non loin de Palapye.
Anglais. Avant d’avoir décliné nos noms et qualités réciproques, nous
nous trouvons partageant leur déjeuner. Combien les coeurs s’ouvrent
et comme les mains se tendent lorsque, à l’imprévu, des Européens
se rencontrent dans ces solitudes immenses1 !
Ces messieurs, dont deux sont ingénieurs des mines, ont été envoyés
BAOBAB.
D’après une photographie de l ’auteur.
par un syndicat pour « prospecter » le terrain avoisinant le Gway,
l’un des affluents sud du Zambèze, au point de vue minier. Que de
détails intéressants ils nous donnent! Ce n’est qu’à la nuit tombante
que nous songeons à mettre le pied à l’élrier pour rejoindre nos
wagons qui nous ont devancés ; une heure d’allure rapide nous met en
vue de nos grands feux de bivouac.
1. Depuis notre retour, nous avons appris la mort de deux d’entré eux.