chef, située devant la « place des assemblées », diffère de celles
de ses vassaux. Elle ressemble à un cottage; une véranda rudimentaire
borde une de ses faces. C’est là que nous saluons la princesse,
drapée dans des couvertures aux couleurs voyantes et la tête
entourée d’un turban rouge. Elle ne peut répondre à notre requête
sans l'autorisation de son époux. Nous pénétrons dans la pièce
d’honneur, où je vois sur une étagère une Bible traduite dans la langue
du pays; Bathoin est un chrétien pratiquant.
Sur ma demande, la princesse consent à se laisser photographier,
mais elle veut être vêtue de ses plus beaux atours. Je devrai
repasser plus tard. A l’heure dite, je trouve la princesse affublée
d’une robe de soie crème taillée à l’européenne et d’une coiffure
bleue surmontée par une énorme rose jaune! Combien je regrette
le pittoresque costume de tout à l’heure! Sa belle-mère, en bleu,
et sa belle-soeur, en rouge, veulent aussi faire partie du groupe.
Ensuite l’exécuteur des bautes-oeuvres me demande de le photographier,
puis d’autres. Je crois que toutes mes plaques y auraient
passé.
Nous visitons la nouvelle église que le missionnaire Rév. Good fait
construire près de la demeure du chef.
Les huttes appartenant à la même famille sont entourées de hautes
clôtures de branchages; les ricins croissent à l’état sauvage.-
Grande fertilité du sol; dans un jardin nous voyons des graines de
légumes importées d’Europe donner d’excellents produits.
Ivanyé est la capitale de la tribu des ba-Ilnaketsé; son chef Bathoin
est indépendant; la tribu a de 7 à 10000 habitants qui s’adonnent à
l’élevage du bétail, au commerce des grains, des peaux, etc. Ici nous
apprenons que le capitaine Gibbons,qui nous précède de quelques jours
avec un petit wagon attelé de huit boeufs et de deux chevaux de selle, a
LES PRINCESSES DE KANYÉ.
Dessin de Gotorbe. D’après une photographie de l’auteur.
eu un accident; son véhicule a versé ; il s’en est tiré avec un doigt écrasé.
Nous partons dans l’après-midi; comme nous sommes sans guides,
nous campons pour la nuit près du village de Motschuaneng; les
chacals aboient dans les environs.
28 avril. — Pays ravissant; nous traversons les ramifications des
montagnes Makarupa. Des chevaux égarés ne nous sont revenus qu’au
milieu de la journée.
En route, nous causions tranquillement, Pirie et moi, installés sur le
grand chariot, lorsque nous sommes brusquement projetés à terre.
Nous nous relevons sans une égratignure, mais nous voyons avec, stupeur
notre arche de Noé » couchée sur le flanc droit : le « driver »
n’avait pas su éviter une forte dépression de terrain. Il n’y a pas à