dressent de nombreuses machines à vapeur, indice de l ’activité
commerciale de la ville et nous arrivons dans Main Street, la rue
principale, à l ’extrémité de laquelle se trouve l’hôtel de ville, orné
d’une fontaine monumentale en forme d’obélisque, ainsi qu’un grand
marché couvert où les plumes d’autruches sont vendues chaque
semaine.
Une ligne ferrée nous mène en quelques heures, dans la direction
du nord, à Coerney, où nous arrivons à la nuit noire et où nous trouvons
un gîte dans l’unique petit hôtel de l’endroit. Coerney est fréquemment
visité par des éléphants sauvages. Il v a en outre dans les
environs plusieurs fermes pour l’élevage des autruches.
Le lendemain, nous voyons nombre de ces énormes oiseaux.
Quoique l’autruclie n ’habite que l’Afrique, les belles plumes de cet
animal ont été recherchées de tout temps et par toutes les nations du
globe. Les Anglais les ont surtout appréciées depuis l’époque où le
Prince Noir, après avoir tué le roi de Bohême à la bataille de Crécy
(1346), enleva les plumes d’autruche qui flottaient sur le casque du
vaincu et les plaça sur le sien ; depuis lors les plumes d’autruche ont
toujours figuré sur le blason du prince de Galles.
En 1860, les autruches sauvages, pourchassées,' semblaient destinées
à disparaître peu à peu, lorsque l’idée vint à quelques colons de
les apprivoiser, d’en propager l’espèce et d’obtenir ainsi, grâce à leur
plumage, une source de revenus permanents. En 1865, on comptait
dans la colonie du Cap et les environs, 80 autruches apprivoisées,
tandis que le dernier recensement de 1891, donne un total de
154880 autruches domestiques. Cette énorme production fit baisser
les prix d’une manière sensible; en effet, le recensement de 1882 nous
donne un rendement de 253954 livres de plumes, représentant une
valeur de vingt-sept millions de francs, tandis que celui de 1892
indique un revenu de 257027 livres de plumes, qui ne sont pas taxées
à plus de treize millions de francs.
30 janvier. — Au milieu de l’après-midi, nous montons dans un
« cart « attelé de deux chevaux, conduits par un nègre, à destination
du col de Zuurberg. Nous ne tardons pas à traverser l’une des fermes
mentionnées plus haut, où nous croisons de nombreuses autruches,
noires, blanches, grises; vues de près, leur corps donne l’idée d’une
grande force de résistance. Les pattes bien musclées doivent être
une arme redoutable; leur long cou est surmonté d’une tête très
petite. De toutes jeunes autruches, couvertes de duvet clair, et
qui ont déjà la taille d’un dindon, circulent gravement autour de
leurs parents.
Nous ne tardons pas à arriver au flanc de la montagne couvert
d’une belle végétation, émaillée elle-même par de ravissantes plantes
grimpantes, dont des milliers de fleurs bleues ont la forme de celles
du jasmin; çà et là nous voyons encore des groupes de palmiers et
d’euphorbes. Nous admirons plusieurs beaux points de vue; en arrivant
au sommet du col, nous embrassons toute la vaste contrée qui
s’étend jusqu’à l’océan Indien.
Le propriétaire de l’hôtel du Zuurberg Pass, M. S. D. B..., est un
naturaliste; entre autres curiosités, il nous montre des oeufs de
YAchatina zébra, grand escargot de terre qui peut atteindre une longueur
de trois quarts de pied.
La chaîne de montagnes où nous nous trouvons nous sépare du
plateau de Iiarroo, distant d’environ trente kilomètres; si nous suivions
la route que nous avons sous les yeux, nous arriverions à Kim-
berley. A cette altitude, 2300 pieds, les montagnes sont dépourvues de