Mayoumba une nouvelle entrevue; le chef se garde bien de répondre
à mon invitation.
Trois des porteurs ont déserté ce matin et je les laisse courir. Je
ne suis pas fâché d’être débarrassé de Mabenga et de Liboué, dont
j ’étais loin d’être satisfait; quant au troisième, le petit Liponé doux
et tranquille, il était trop faible pour sa tâche. Depuis plusieurs
jours déjà, il ne faisait que suivre la caravane et sa charge avait
été répartie entre ses camarades.
Ces raisons connues, je ne quitte le campement que peu avant
le coucher du soleil pour tâcher de surprendre des lechive (Cobus
leche), antilopes qui vivent près des marécages. Comme elle serait
bienvenue, de la viande fraîche! Je ne tarde pas'à enfoncer jusqu’aux
genoux dans un terrain spongieux et j ’arrive presque à portée d’un
groupe de ces bêtes qui sont au repos... lorsque jé suis subitement
arrêté par un coude de la rivière, infranchissable en cet endroit. A
mon retour, j ’apprends qu’un autre des porteurs, Jacob, ainsi què les
deux guides donnés par Souroukouroukourou, ont profité de „cette
courte absence pour déguerpir de leur côté. Je suis; en somme, aussi
heureux du départ de Jacob que de celui de Mabenga et de Liboué.
J ’avais été obligé de lés remettre, à maintes reprises, sévèrement à
l’ordre et la disparition de ces indisciplinés renforcera, je l’espère,
l’ensemble de la caravane. Quant à mes guides, ils ont probablement
le mal du pays et nous nous passerons de leur concours. Néanmoins,
ma position n’est rien moins qu’enviable;
10 août. — A 6 heures ce matin, le thermomètre placé sur
une caisse devant ma tente indiquait -)- 1° C. Au même emplacement
et exposé au soleil, il marquait hier après-midi -j- 42 C.
Il y à un peu de mieux dans l’état de Klass Africa; après une
sérieuse conversation avec lui et puisqu’il ne veut pas consentir,
cômmé je le lui ai proposé, à aller seul au sud avec quelques
hommes, il comprend qu’il y a urgence à marcher de l avant, car
nous ne pourrons pas nous ravitailler avant deux ou trois jours. Après
UN MARCHÉ AU VILLAGE DU CHEF MAYOUMBA.
Dessin de Bigot-Valentin. D’après une photographie de l’auteur.
les désertions d’hier, les charges sont réparties à nouveau et je constate
à cé moment que j ’ai strictement le nombre d’hommes nécessaire.
Nous formons au total une colonne de vingt-trois hommes.
Pendant là journée, la nature du pays change, les collines sont
plus éloignées les unes des autres, elles sont aussi plus étendues et
forment dès plateaux. Près de la petite lagune Musana, nous voyons
des empreintes d’éléphants. Arrivés à la lagune Kamba (Kambai),
aux ondes bleues, je fais remplir les calebasses des hommes; nous