30 octobre. — A l’aube, Pirie et Reid partent à cheval pour la mare
de Tamasetsie,où nous espérons que nos gens sont arrivés. S... et moi
nous restons au wagon jusqu’à la fin de la journée.
Nous avons là sous les yeux une scène navrante, le triste défilé
des boeufs de S..., les plus faibles sont laissés en arrière, et plusieurs
n’atteindront pas Tamasetsie. Leurs naseaux parcheminés ne subiront
plus le contact bienfaisant de l’eau. Ils tournent autour de nous et
semblent nous implorer de leurs grands yeux humides; mais hélas!
nous ne pouvons rien faire pour eux. Avant le coucher du soleil, bien
que très souffrant, je monte à cheval avec S... et à la nuit noire, nous
nous trouvons tous réunis à Tamasetsie avec de l’eau en abondance.
Il était temps d’arriver, car les boeufs qui ont survécu sont restés en
moyenne trois jours et trois nuits sans être abreuvés.
31 octobre. — La nuit dernière un lion, par de magnifiques rugissements,
signale sa présence dans les environs, et, à son réveil, S... peut
se rendre compte que ce voisin non invité lui a égorgé l’une de ses plus
belles bêtes. 11 en a déjà perdu dix à travers le « thirst ». L’un de ses
meilleurs boeufs est devenu fou furieux lorsque, après de longues privations,
il a été de nouveau en présence de l’eau; il est mort au bout de
quelques heures sans avoir pu boire. Notre expédition dans le « thirst »
a eu la bonne fortune de ne pas laisser un seul animal en arrière.
Nous trouvons à la mare de Tamasetsie un Allemand, M. H..., qui a
charge de l’arrière-garde du Dr Penther, le voyageur autrichien que
nous avons rencontré aux chutes du Zambèze.
Comme mon état est toujours très grave, il me recueille dans son