De beaux arbres nous environnent et les sand grouses, l’un des
meilleurs gibiers à plumes de cette partie de l’Afrique, ne manquent
pas dans les environs.
L’aspect des contrées que nous traversons change continuellement;
la marche suivante nous a conduits dans une vallée boisée, entourée
de collines à sommets plats, véritable océan de verdure estompé de
vert et de jaune. La plupart de ces arbres sont des mopane ou mopani,
dont les feuilles — séparées en deux parties — ont la forme d’une paire
d’ailes de papillon. Ces arbres sont entremêlés de terribles buissons
d’épines d’espèces différentes, dont la plus redoutée est le wachten
bitchie, nommée à juste titre par les Anglais wait-a-bit, « attends un
peu »; acérée, recourbée, véritable hameçon qui arrête, déchire tout
ce qui se trouve sur son passage. Il m’est arrivé d’être presque désarçonné
par l’un de ces buissons dé wait-a-bit\
%
30 mai■ — Nous voyageons en pays ouvert et atteignons la partie
sud-est du Makarikari.
Le Makarikari est un lac salé d’environ cent kilomètres de longueur,
en grande partie desséché dans cette saison. Les indigènes
viennent s’approvisionner de sel sur le bord de ses rives. Nous chassons
à cheval l’antilope sur sa surface saline et crevassée. Nous y
sommes aussi les jouets du mirage : il nous semble apercevoir dans
le lointain de grandes nappes d’eau claire qui s’éloignent à mesure
que nous approchons. Illusion!
Du milieu des herbes où nous campons, sortent des fourmilières
arrondies, habitées par des fourmis à tête rouge armées d’un dard.
L’intérieur de ces fourmilières est admirablement travaillé; nos
hommes les creusent et s’en servent comme de four à pain.
Nous recevons la visite de trois ma-Saroua, les habitants de cette
région; le plus jeune est paré d’un diadème de perles de verre et de
nombreux colliers et bracelets où le bleu domine.
Nous rencontrons aussi une troupe de Zambéziens qui, eux se
rendent à Kimberley, maigres, défiants, ne possédant rien que leurs
calebasses suspendues au bout de longs bâtons; contraste frappant avec
ceux qui vont retrouver leurs foyers après avoir travaillé quelques
années en pays civilisé. La contrée que nous traversons est modérément
boisée, elle sert de refuge à de nombreuses pintades, excellent
gibier, comme on sait.
31 mai. — Nous arrivons au puits de Iiariba. Les bêtes qui n’ont
eu que de l’eau salée hier au soir, peuvent être abreuvées; je parle
souvent de cette « eau » qui est l’une de nos plus grandes préoccupations
: savoir de quelle sorte elle sera, où et quand on la trouvera? Les
rares indigènes que nous rencontrons ne veulent pas, en général,
donner des indications exactes à ce sujet.
/ " juin. H- Excellent repas do grillades d’antilopes et de pintades ;
dans l’après-midi, nous donnons la chasse à un troupeau d’autruches.
•Si
2 juinBÊÊ Nous avons campé la nuit dernière sur les bords de la
rivière Simoané, dont malheureusement l’eau est salée et qui comme
beaucoup d’autres rivières, est absorbée par le Makarikari.
Nous avons la bonne fortune de rencontrer le campement de
Sekhomi, fils unique de Iihama, lequel, avec une nombreuse suite,