Après nous être réchauffés à un feu allumé avec peine à cause de
la rosée abondante, nous tirons des coups de fusil pour attirer l’attention
d’un batelier indigène qui nous passera sur l’autre rive. Il finit par
répondre à notre appel. Nous le voyons arriver pagayant et debout
dans son canot, creusé d’une,seule pièce dans un tronc d’arbre, long,
mince, effilé. Nous avons juste la placé de nous y asseoir et ne tardons
pas à aborder au Pays des ba-Rotsi.
Nous frappons à la porte des missionnaires, M. et Mme Louis Jalla,
originaires des Vallées vaudoises du Piémont, qui nous font un accueil
des plus cordiaux et, séance tenante, nous nous asseyons à leur table.
Ils veulent bien nous donner des renseignements précieux ; c’est
à regret que,, dans l’après-midi, nous les quittons et repassons de
nouveau sur la rive droite du Zambèze, pour seller nos chevaux
et aller à la rencontre de nos wagons, que nous rejoignons dans la
soirée à Leshoma.
23-24 ju in . — Deux journées sont consacrées à faire l’inventaire du
matériel, à le diviser en charges facilement transportables qui doivent
être pesées; nous laissons en arrière tout ce qui pourrait nous
encombrer, ainsi que des provisions que nous trouverons au retour.
Les attelages disponibles et la plupart des chevaux sont envoyés dé
suite à Gazouma-Vley ; puis avec ce qui nous est nécessaire, nous effectuons
notre dernière étape pour arriver de nuit au fleuve; de manière
à préserver les boeufs, de la mouche tsé-tsé qui fréquente ces'parages.
une minuscule, tandis que le nom propre-lai-même est écrit avec une majuscule. Les
noms propres entre parenthèses sont écrits suivant l’orthographe anglaise. Me référant à
l’autorité citée plus haut, j ’ai aussi employé les mêmes règles pour les noms des tribus
ou peuplades qui vivent au sud du Zambèze, excepté pour quelques-unes d’entre elles,
dont les. noms ont déjà été francisés.
Dernière nuit passée clans le chariot. De bonne heure le lendemain
matin, nous établissons nos tentes sur la rive droite du Zambèze. Pendant
deux jours, tout en travaillant ferme, nous avons pu admirer
le spectacle que nous avons sous les yeux. Ce beau fleuve qui, à
LE ZAMBÈZE PRÈS DU CONFLUENT DE LA RIVIÈRE L1NYANTI.
Dessin de Boudier. D’après une photographie de l’auteur.
l’endroit où nous sommes, mesure entre quatre cents et cinq cents
mètres de largeur, roule à cette époque de l’année des eaux aussi bleues
que celles du lac Léman. Toujours sur la rive droite, un peu en amont,
la rivière ChobéSIfLinyanti) opère sa jonction avec le Zambèze, les
indigènes s’appellent Liambaé, et le fleuve est parsemé de plusieurs
îles. Çà et là un palmier élancé donne la note tropicale; de noirs cormorans,
ou des oies au vol plus lourd, cinglent de temps à autre dans
les airs. Vis-à-vis de nous, sur la rive gauche, Kazoungoula (lvazungula)
se détache sur un fond de verdure.