25 juin. — Après le déjeuner, nous mettons pour la première fois
notre canot à l’eau. Il est en toile à voile enduite de caoutchouc,
démontable, et pèse cent soixante livres. Nous traversons le Zambèze.
Grâce à la bonté de M. et Mme Louis Jalla, nous pouvons acheter de
suite treize ou quatorze cents livres de sorgho, maïs, millet, arachides;
mais il nous faut transporter toute cette cargaison sur l’autre rive.
Malheureusement, le vent s’est levé, le fleuve est houleux; les bateliers
indigènes refusent de travailler dans ces conditions; d’un autre
côté, le temps presse et il est urgent, pour éviter la mouche tsé-tsé,
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que les boeufs retournent ce soir même à Gazouma-Vley.
Comme notre embarcation, la Zambezia s’est bien comportée, nous
nous décidons dans la matinée d’effectuer nous-mêmes ce transport
en ramant à tour de rôle, ce qui certes n’était pas sans danger. Tout
s’est bien passé et au moment fixé, notre dernier wagon reprenait la
route de Gazouma-Vley, avec la nourriture des trois hommes formant
notre arrière-garde. Ils devront attendre là notre retour et prendre
soin des boeufs et des chevaux.
M. L. Jalla nous transmet la bonne nouvelle que, suivant la demande
qui lui en a été faite il y a plusieurs mois, le roi Léwanika nous
envoie de sa capitale Léalouyi (Lialui), l’autorisation de pénétrer avec
armes et bagages dans son royaume du bo-Rotsi.
CHA P IT R E VI
AU PAYS DES BA-ROTSI .V-LA RIVIÈRE MACHILÉ
A KAZOUNGOULA. — NOUS REMONTONS LE COURS DE LA RIVIÈRE MACHILÉ. S ARRIVÉE
A LÀ SOURCE DE LA RIVIÈRE MACHILÉ, TERRITOIRE DE LA TRIBU DES MA-NKOYA
t e Zambèze a repris sa physionomie habituelle. Le 36 ju in , de bonne
-L ^ heure, le prince Litia, qui est le fils ainé du roi et le gouverneur
de cette partie du pays, met à notre disposition quatre pirogues avec
leurs équipages et un chef zambézien; ce dernier tient en mains un
court bâton noir, insigne de son autorité. La besogne de la journée
consiste à faire passer notre matériel sur la rive gauche du Zambèze,
ainsi que les ânes au nombre d’une vingtaine, et les quatre chevaux que
nous emmenons avec nous dans cette partie du voyage. La seule
manière possible d’amener nos animaux sur l’autre rive, consiste à les
mettre de force à l’eau un à un ; ils nagent à côté ou derrière le canot,
maintenus par la bride. Ensuite vient le tour du matériel et celui de
nos gens ; nous passerons en dernier.
27 ju in . —^ Le transbordement a été terminé sans accident hier
au soir; nous avons campé pour la première fois sur le territoire