et en véritables équilibristes, ils maintiennent ces pirogues à flot, tout
en les faisant avancer rapidement.
Siabousiou, le pilote de mon canot, se lient à la poupe; c’est lui
qui par le maniement de sa pagaie, doit diriger l’embarcation. Son
costume outre son pagne, consiste en un collier de cuir et un chapeau
de paille conique, Le second en dignité se nomme Simaciko, il
est à la proue; c’est lui qui l’oeil toujours aux aguets, doit éviter les
écueils, les bancs de sable et ne pas se laisser surprendre par les
hippopotames; à côté de lui, il a trois lances à sa disposition.
Ses prétentions à la toilette sont différentes de celles de Siabousiou;
.son pagne, à larges raies bleues et blanches, est retenu à la ceinture
par une peau de serpent, de laquelle pend aussi le mouchoir de poche
indigène, dont nous avons déjà parlé. Il porte un collier de perles de
verre claires, plus deux bracelets, dont l’un est en cuir d’éléphant;
des plumés sont fixées à son chapeau.
Les autres bateliers, Moukoudou et Witchimbamtcha, sont un peu
en arrière du centre du bateau; ils doivent régler leurs coups de
pagaie d’après ceux de l ’homme debout à la proue.
J ’ai juste la place pour m’asseoir ou plutôt pour m’étendre derrière
Simaciko, sur des nattes de jonc; j ’en ai une aussi au-dessus de ma
tête qui me préserve plus ou moins des rayons d’un soleil tropical;
mes valises me servent de coussins. A côté de moi, mes. fusils. Les
hippopotames sont très nombreux dans ces parages et ils attaquent
souvent les embarcations.
En somme, la chose la plus importante pour le voyageur est de ne
pas bouger, un rien peut faire chavirer une pirogue zambézienne.
Nous suivons le canal Liaboa 1 ; les eaux sont basses et les bateliers
\ . Ce canal a élé ouvert p a r les ordres du roi Léwanika lorsque M. Coillard eut fait,
après des difficultés inimaginables, creuser un premier canal reliant Séfoula au Zambèze.
à différentes reprises, doivent sauter par-dessus bord pour se dégager
des bancs de sable. Le reste de la flottille est resté en arrière; je fais
déposer mes couvertures pour la nuit sous un grand arbre et nous
allumons du feu.
13 se p tem b re . — Nous naviguons toujours sur le canal; un grand
nombre d’oisêaux aquatiques de toutes les tailles et aux formes de
becs les plus diverses, habitent ses bords. J ’admire une colonie de
ravissants oiseaux au plumage étincelant où la pourpre et 1 azur
dominent; une quantité de trous creusés régulièrement dans la terre
de la berge leur servent de nids.
Les riverains établissent des barrages en roseaux à travers le courant
pour prendre du poisson. Nous croisons aussi des pêcheurs montés
dans des canots plus frêles encore que les nôtres et qui, armés de
longues lances flexibles, transpercent les habitants des ondes avec
une adresse remarquable.
Dans le courant de la matinée, nous arrivons au Zambèze proprement
dit. A l’endroit où nous sommes, le fleuve superbe par le volume
de ses eaux, coule, avec lenteur et majesté; à peu de distancé nous
apercevons deux hippopotames. Après quelques heures de navigation
nous abordons à Nalolo ; nous avons une grande avance sur les autres
canots qui ne rallient que plus tard.
La reine Mokouaé m’envoie du lait frais et du lait caillé ; je vais la
remercier. Au retour elle me fait escorter par l’un de ses serviteurs
qui me présente un boeuf, second cadeau de Mokouaé, don un peu
embarrassant, mais*bonne aubaine pour mes gens; on ne tarde pas à
l’abattre. Je vais chercher uii repos bien mérité dans lu n e des
chambres de la station missionnaire que M. Béguin, actuellement à