campement, alors que Reid, Pirie et S... procèdent au sauvetage des
chariots laissés en arrière. Le souvenir de cet homme de bien ne s’effacera
jamais de mon esprit; pendant toute une semaine, il me soigna
comme un frère. Extrêmement faible, je passai toutes mes journées
dans son campement, étendu à terre, enveloppé de couvertures, la
tête entourée d’une épaisse serviette continuellement imbibée d’eau;
cette précaution est indispensable en pareil cas, dès qu’on peut enfin
user à discrétion de cé précieux liquide.
H... s’ingéniait à me préserver de son mieilx des rayons du soleil
brûlant et il me préparait lui-même de la nourriture avec les faibles
ressources qu’il avait à sa disposition.
Nos hommes établissent des « Jkraals » où les animaux sont renfermés
chaque Soir. Deux girafes tuées dans ces parages donnent de la
viande fraîche; au bout d’une semaine tout le matériel est de nouveau
réuni, excepté le premier chariot abandonné trop loin, pour qu’il soit
possible d’aller le chercher, à cause de l’épuisement de nos attelages.
26 Octobre. — Nous 'décidons, Reid et moi, de partir demain soir
pour Boulouwayo, ville principale du Matébéléland.
27 octobre■ — Après avoir pris congé de II..., nous nous mettons en
route. Nous voyageons dans le « scotch cart », petit chariot à deux
rouesL .attelé de dix boeufs. Cinq hommes nous accompagnent, plus
deux chevaux de selle. Puis nous congédions le reste de no.tre caravane,
qui doit rentrer dans le Béchuanaland. Pirie et S... suivront
notre piste plus tard, lorsque lès attelages de cé dernier seront en
bon état; nous lui laissons l’usage du surplus de nos boeufs et
il nous ramènera une partie de notre bagage.
*
Je ne veux entrer ni dans les détails de notre vie ni faire la
description du chemin parcouru entre Tamasetsie et Boulouwayo,
direction générale sud-est, ce qui serait trop long.
Nous avons franchi cette distance, perdant un seul animal, en
dix-sept jours, trajet pour lequel on compte ordinairement trois ou
quatre semaines. Il a fallu de nombreuses marches de jour et de
nuit, avec des alternances de sable et de terrain plus ou moins
rocailleux.
Nous avons rencontré à différentes reprises des ma-Saroua qui nous
donnent des indications à peu près exactes sur la piste à suivre, ainsi
que sur lés emplacements où nous trouverons de l’eau. En somme,
dans ce trajet, l’eau ne nous a pas trop manqué’, mais elle était
souvent vaseuse. Nombreux vols de sauterelles et chaleur intense.
L’espace dont nous disposons, Reid et moi, dans 1 intérieur du petit
chariot n’est que de un mètre quatre-vingt-sept centimètres de longueur,
un mètre cinquante centimètres de largeur et soixante-dix centimètres
de hauteur; prise au hasard, la température que nous endurons
sous notre toile dans une atmosphère absolument étouffante, est
de _j_ 36° C., -ce qui nous aurait quasiment permis d’y cuire des oeufs
à la coque! L’ombre donnée par le taillis étant presque nulle, il
nous faut, bon gré mal gré, pendant' les haltes, si nous voulons sortir
de notre étroite prison, nous construire un « slterm », mais il est
bientôt transpercé par les rayons ardents du soleil.
Quoique Reid me soigne de son mieux, il est facile de comprendre
qu’un trajet exécuté en de pareilles conditions ne peut se faire par