Les armes sont déposées. Un mouvement dé détente évident
se manifeste dans la population. Les magasins rouvrent leurs
devantures ; les gens paisibles se rendent de nouveau il leurs affaires
et la ville reprend peu à peu sa physionomie habituelle. Le
drapeau de la Convention de Genève, la croix rouge sur fond blanc,
l’emblème reconnu de la paix et de la charité, a été en évidence
ces jours derniers à Johannesburg, où de nombreuses ambulances
avaient été organisées. 11 flotte encore fièrement sur le bel hôpital
qui domine la ville.
Le haut commissaire anglais, sir 11. Ilobinson, doit avoir poussé un
soupir de soulagement lorsque la nouvelle du désarmement lui est
arrivée. Les revendications des « uitlanders » pourront être discutées
à loisir avec le président Krügor. L’un de leurs principaux griefs
consiste dans ce fait, que les lois existantes ne leur donnent aucun
espoir d’acquérir le droit de v o te , ni pour le présent ni pour
l’avenir.
En tout cas, les observateurs impartiaux ne peuvent pas faire
autrement, que de rendre justice à l’ordre parfait qui a régné dans
cette ville en révolution. Les milliers de mineurs blancs et noirs
qui y ont afflué à ce moment critique, sans parler des gens sans
aveu, qui ne manquent jamais dans une ville de quatre-vingt mille
habitants, auraient pu être à première vue un sujet d’inquiétude.
Mais ils devaient savoir que toute tentative de désordre serait réprimée
avec la dernière énergie par une population qui, sur ce point,
n’aurait pas hésité.
9 janvier. — Après cette période agitée, le calme étant plus ou moins
revenu, je puis enfin réaliser un voeu que j ’avais formé dès longtemps
et visiter la célèbre mine d ’or « Robinson ». Elle demanderait des pages
pour la décrire; je dois me borner à un résumé de quelques lignes.
Accompagné par un homme de la mine, nous prenons place dans le
wagonnet qui, par un plan incliné, nous amène à la dernière galerie. La
profondeur de cette dernière est, horizontalement, de onze cents pieds,
et, verticalement, de sept cents pieds. Nous y voyons distinctement
les trois filons de quartz aurifère, soit le Southreef, le Mainreefleader
et le Mainreef.
Voici par quelles opérations passe le précieux métal depuis qu’il est
arraché aux entrailles de la terre jusqu’au moment où il est converti
en lingots.
Le « banket », conglomérat aurifère, est détaché à l’aide de la
dynamite, puis il est chargé sur des « skips » en fer. Arrivé ù
1 orifice du puits d’extraction, il est versé dans un réservoir où se fait le
travail de classement et après que la roche stérile a été enlevée, le
conglomérat aurifère va à la « crushing machine », qui broie les minerais
jusqu’à un quart de pouce d’épaisseur. Ensuite, il tombe dans des
réservoirs, au bas desquels se.trouvent des portes automatiques et des
wagonnets sur rails le transportent aux pilons de broyage.
Les pilons sont groupés par cinq; il y a vingt-quatre de ces groupes
pour former la batterie. Quand le minerai y a été broyé en poussière
très fine, il passe à travers un tamis et s’écoule sur une table de
cuivre pur, recouverte de mercure, où les parcelles d’or s’amalgament.
Les tables de cuivre sont nettoyées une ou deux fois par jour,
selon la richesse du minerai, puis l’amalgame est distillé dans des
cornues. Le mercure, après avoir été vaporisé, se condense dans l’eau;
1 or est ensuite fondu avec du borax dans des creusets en graphite et
coulé en lingots.
La pulpe qui s écoule des plaques de cuivre, se compose à ce moment