une sainte terreur des hippopotames qui abondent dans ces parages.
Nous voyons défiler un nuage de sauterelles. Les bateliers qui ont
l’oeil aux aguets, trouvent dans les roseaux un petit crocodile vert;
ils le remorquent sur le plus prochain îlot où ils lè tuent. Ils se régaleront
ce soir de sa chair et sont en particulier très friands de sa
queue.
Nous campons en amont des chutes de Ngamboué (Ngambwé).
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24 septembre. — Les moustiques nous ont tourmentés la nuit dernière;
je suis couvert de piqûres. Ce matin, afin d’éviter les chutes
qui ne peuvent pas être franchies, les canots sont de nouveau déchargés,
mis hors de l’eau et tirés à force de bras, cette fois-ci pour un
petit parcours, puis rechargés ; opération très intéressante : tous les
bateliers s’attaquent à un canot et le traînent en s’accompagnant de
chants rythmés.
Le paysage aux chutes du Ngamboué est pittoresque ; d’énormes
rochers forment un barrage' naturel aux'eaux qui viennent s’y briser
en écumant. Le fleuve très large, est zébré d’une quantité d’îlots couverts
de végétation; ça et là des palmiers.
Avant midi tout est terminé et nous franchissons une succession de
rapides où les hommes luttent d’adresse ; ils se servent de leurs longues
rames comme de véritables balanciers; les rapides les plus
sérieux sont ceux de Manyekanga.
Nous campons sur une île sablonneuse qui fait partie du groupe de
Katima-Molilo, traduction littérale : « qui éteint le feu ». A l’heure
qu’il est, les hommes dressent très rapidement la tente; l’ordre
est promptement établi. J ’admire l’ingéniosité avec laquelle ils improvisent
en quelques minutes leurs abris pour la nuit. Ils coupent des
CAPTURE D’UN CROCODILE.
Dessia de Thiriat. D’après une photographie de l'auteur.
roseaux, y intercalent leurs nattes entre les rames plantées en terre,
qui leur servent de charpente. Les feux ne tardent pas à s’allumer et
les vases en grès sont mis sur le feu ; mais quelle race rieuse ! Comme
à l’ordinaire, les « prises de tabac » sont constamment offertes et
les eh! eh! ah wouah! ah wouah! d’éclater de toutes parts.
Je remarque que lorsque les hommes ont des altercations entre
eux, elles ne durent pas longtemps.
Klass me raconte souvent des épisodes de sa carrière de vingt années
de chasse en Afrique, carrière qu’il a commencée avec son père à l’âge
de quinze ans; il a, paraît-il, tué deux cents éléphants, vingt lions, etc.
11 me confirme, ce que j ’avais déjà lu, que la chasse aux buffles est
considérée comme l’une des plus dangereuses. 11 m’assure que j ’ai
échappé à la mort de bien près l’autre jour.