je les suis avec quelques hommes; malheureusement le vent nous est
contraire.
La marche de l’après-midi nous mène au vallon où devrait couler le
Kamitué (Kamitwe), rivière marécageuse qui n’offre pas les mêmes'
difficultés que celles rencontrées ce matin. Puis nous reconnaissons
un autre cours d’eau, la Kamanga qui [rejoint probablement le Njoko,
direction sud-ouest. Après avoir gravi la sixième colline de la journée,
nous sommes dans le bassin hydrographique du Njoko et à la nuit
tombante, le campement est établi sur le versant de la ravine qui sert
de lit à la Mania, affluent de la rive gauche du Njoko. Pendant ces
deux premières journées nous n’avons rencontré aucun être humain,
ni aucune habitation; le gros gibier qui, à cette époque de l’année, doit
se trouver dans d’autres parages, est très rare; aussi, après la forte
marche d’aujourd’hui, les hommes sont-ils forcés de s’étendre auprès
des feux, sans avoir mangé.
Comme à l’ordinaire, forte chaleur pendant la journée.
3 août. — Nous suivons la Mania et nous arrivons à un rassemblement
de huttes appelé Méori; ces villages sont désignés par le nom de
leur chef. Leur vue charme mes hommes. Ils pressent le pas et pensent
sûrement aux provisions qu’ils trouveront dans les calebasses aux flancs
rebondis que je ferai vider pour eux ; mais que de patience il faut avoir !
Nous ne sommes qu’au début de la matinée et à deux heures seulement,
il est possible de faire une abondante distribution de nourriture. En
premier lieu, le chef doit être averti démon intention de tenir un marché,
nouvelle qui est répandue parmi les habitants. Suivant qu’ils y
sont disposés ou non, ils vont chercher les denrées nécessaires, lesquelles
doivent être encore parfois préparées. Enfin, hommes et femmes
arrivent un par un, ils s’accroupissent à distance, immobiles. Peu a
peu, ils déposent devant moi les récipients, plats en bois ou calebasses,
dans lesquels ils apportent du sorgho, des arachides. Les uns
désirent être payés avec des perles de verre
bleu, d’autres avec des perles blanches et ils
sont loin d’être toujours faciles à contenter.
Nous passons la limite qui sépare la tribu
des ma-Nkoya de celle des ma-Totéla.
Actuellement ces derniers vont encore chez
leurs voisins les ma-Nkoya, échanger des
houes contre des esclaves. Sept houes
sont en général considérées comme 1 équivalent
d’un être humain! Le campement
SUR LES BORDS DE LA RIVIÈRE
NJOKO.
Croquis do Van Muyden, collection
est établi pour le lendemain, jour de
repos, sur la rive gauche du Njoko en aval
de l’auteur.
du confluent de la Mania, au milieu de superbes motsaoh ou massivi,
arbre de port majestueux, au feuillage vert foncé, qui rappelle
le chêne. Cet arbre porte un fruit rouge de
la 'fo rm e d’un haricot aplati, fort goûté des
indigènes.
^ OREILLER EN BUIS SCULPTÉ,
ÉCHANGÉ SUR LES BORDS
DE LA RIVIÈRE NJOKO.
4 août. — Paysage gracieux que celui offert par Croquis de Van Muyden,
collection de ï’auteur.
la vallée où coule le Njoko, entourée de collines
boisées sur les flancs desquelles se détachent, comme de larges
taches brunes, de nombreux villages. Près de ces derniers, de grands
espaces brûlés indiquent leurs plantations. Pour les établir, les nègres
commencent par arracher l’herbe, la mettent en tas et la brûlent, puis
ils travaillent la terre. En se rapprochant, l’on voit de toutes parts