18 juillet. — Cette nuit, hyènes ou chacals, ont fait rage et nous
avons été réveillés plusieurs fois. Ce matin, il ne reste rien du cadavre
de la lionne, tout a disparu. Nous confions nos brides et nos selles à
des indigènes qui doivent les transporter à Kazoungoula et puis... en
route! Désormais la marche sera notre unique moyen d’avancer, il ne
nous reste plus qu'un seul cheval. Nous suivons les taillis plus ou moins
épars, entremêlés de gros arbres qui bordent la rivière; nombreuses
empreintes de lions ainsi que des tracés fraîches de buffles. Cette
fois-ci, nous dressons notre tente près de la rive. Nous finissions
notre repas, lorsque nous entendons le grognement d’un hippopotame.
Prenant nos armes, nous sommes bientôt à proximité de la
bête qui est inquiète; elle renifle et aspire bruyamment le au . Pour
nous, impossible de rien voir, l’obscurité est trop grande. Au repas du
soir, nous avons mangé du zèbre,'chair qui n’est point a dédaigner
comme on serait tenté de le croire.
19 juillet. S - Nous sommes obligés d’abréger les souffrances du dernier
cheval ; il n’y a plus d’espoir pour le pauvre « Tomy » qui a été
piqué par la tsé-tsé, cette mouche meurtrière. Elle provoque dans
un délai plus ou moins long la mort de presque tous les animaux
domestiques. Chevaux et boeufs, une fois piqués, meurent rapidement,
tandis que les ânes peuvent vivre encore pendant des mois . Fait
vraiment curieux, la tsé-tsé se trouve surtout dans les parages fié-
quentés par les buffles ; le gibier ne semble pas etre affecté par sa piqùie.
1 Les animaux domestiques qui résistent à ce venin sont en infime minorité; on les
appelle i salled » et ils prennent une grande valeur.
FONCERONS MA-TOTÉL'A.
Dessin de Thiriat. D'aprôs une photographie de l’auteur.
Dans une expédition du genre de la nôtre, il faut être préparé d’avance
à tops les accidents qui ne manquent pas de survenir; nous allons donc
de l’avant avec entrain! Un porteur a èncore pris la fuite aujourd’hui.
Nous avons été plusieurs fois témoins de grands incendies de prairies
qui sont superbes pendant la nuit; ils détruisent quantité d insectes.
La végétation est si puissante que l’herbe ne tarde pas à
repousser sur ces espaces calcinés; il n’en est pas de même des arbres
qui périssent ainsi en grand nombre.
Les variétés de fourmis sont nombreuses; deux fois déjà, dans
l’espace de quelques heures nos bagages ont été attaqués par les termites.
En chasse, je rencontrai une colonie de singes au pelage gris brun
et au museau noirâtre, dont j ’ignore le nom.
30 juillet. — Le paysage change continuellement d’aspect. A
l’endroit où nous nous trouvons aujourdhui la îivièrc coule au