dit, de remonter le cours jusqu’à sa source. Cette rivière n’est que
pointillée sur les meilleures cartes géographiques ; nous sommes donc
en région non explorée.
Pendant cette dernière marche, nous avons fait une halte près
d’un village entouré de plantations de millet, de maïs, de courges.
Nous remarquons des plates-formes élevées de quelques pieds au-
dessus du sol; des femmes y sont occupées à trier du maïs. Les animaux
domestiques sont représentés par des petites chèvres blanches
et noires, des poules, et des moutons à grosses queues. Nos gens
fatigués de la nourriture animale qui compose presque exclusivement
leur alimentation journalière, y échangent avec les habitants une
partie de la venaison qu’ils ont reçue en partage, contre des arachides
et du millet.
Deux de nos porteurs, lesquels à notre insu étaient restés en arrière
de la colonne se sont enfuis en abandonnant leurs charges. Une caravane
peut être mise dans un grand embarras lorsque, comme cela a
déjà eu lieu pour d’autres expéditions, les porteurs désertent en masse.
Nous espérons qu’avec les précautions prises, ce ne sera pas notre
cas. Du reste, nous avons un certain nombre de Béchuanas, de
Bushmen, de ma-Saroua, dont la patrie au delà du Zambèze est
bien éloignée; ils partagent nos peines et nos joies depuis longtemps;
bref, s’ils nous abandonnent, nous aurons les ânes comme dernière
ressource.
Reid qui est en avant, force à cheval un éland, 1 (Oreas canna), très
forte bête qui contrairement aux autres espèces d’antilopes, n’a pas
une allure rapide. Son poids doit atteindre un millier de livres ;
l’épaule à elle seule en pèse quatre-vingts. La viande de l'Oreas canna
1. Ne pas confondre avec l’élan des pays du Nord.
rappelle celle du boeuf ; sa graisse nous est précieuse car nous pouv
o n s/s an s trop de répugnance, l’employer pour les besoins de notre
cùisine.
Nos hommes font des lanières avec le cuir du gros gibier tué
récemment. Pour suppléer à l’opération du tannage, ils procèdent de
la manière suivante : après avoir découpé sur le corps de l’animal,
des bandes de quelques centimètres
de largeur et aussi longues que possible,
ils font passer cette lanière
par-dessus une branche d’arbre élevé ;
puis ils relient les deux extrémités.
Entre ces deux extrémités, ils placent
une grosse pierre, puis, au-dessus,
un fort bâton. Tout en chantant et
par le moyen de ce bâton, ils tordent ^
-ces lanières autant que faire se peut. * LIVINGSTONE’S ELAND. « OREAS CANNA.
lk les laissent I l s I c a l a i s s e n t sove, détendre d’elles- Spécimen rapportò par 1 auteur.
mêmes et recommencent leur torsion
jusqu’à ce que le cuir arrive au degré de flexibilité voulu.
A l’endroit où nous sommes, la rivière Machilé peut avoir, à en
juger par ses berges, entre 250 à 300 mètres de largeur; son étiage
est actuellement très faible; le volume des eaux doit être considérable
pendant la saison des pluies..
Jusqu’à maintenant, nous avons aperçu des animaux sauvages
isolés, ou par petits groupes. Ensuite et pendant quelques jours, nous
traversons une zone où, magnifique spectacle, nous rencontrons par
centaines des gnous et des zèbres. Ces deux espèces d’animaux semblent
avoir une sorte d’affection marquée l’une pour l’autre et sont fréquemment
en compagnie. Rien de plus intéressant que d observer, piise