d’Européens, animés par l’esprit qui les a fait agir, ont obtenus sont
étonnants. Avant leur arrivée, cette contrée pouvait être appelée à
juste titre un pays de sang. Le roi Léwanika lui-même en donnait
l’exemple. N’est-ce pas lui qui, peu après l’arrivée de M. Coillard, lui
faisait dire que lorsqu’il voudrait se débarrasser d’un chef, il ne
répandrait désormais plus son sang, mais qu’il ferait mettre du
poison dans la bière qui lui serait offerte?
Ce même Léwanika que nous voyons aujourd’hui discutant les
enseignements des missionnaires, il y a une dizaine d’années, décrétait
la mort par la faim de l’un de ses frères qui lui faisait opposition?
Vivant, et le corps entouré d’étoffe blanche, il reçut les honneurs
de la sépulture royale, puis il fut enfermé dans une hutte à
l ’entrée de la capitale; il y vécut cinq jours encore avant de mourir
de faim.
Nous avons été visiter le campement du métis portugais, marchand
d’esclaves, auquel lè roi a interdit de pénétrer plus avant sur son territoire.
Il vient de Benguéla et il a avec lui des indigènes du Bihé ; la
coiffure des femmes rappelle celles que l’on observe sur les anciens
monuments égyptiens.
Nous avons vu récemment trois natifs de l’Est, soit du pays de Gaza ;
ils appartiennent à la tribu des Ngungunyané ; ces hommes aux corps
musculeux aiment à se parer de peaux de léopards ; ils sont venus
dans le bo-Rotsi se procurer des produits du pays.
J ’ai déjà dit, je crois, que le roi Léwanika, ainsi que sa soeur aînée
la reine Mokouaé, sont les représentants de l’absolutisme le plus complet.
En principe, le sol et tout ce qu’il renferme, y compris les habitants,
leur appartiennent; pas un de leurs sujets n’est libre de ses
actions. C’est pour cela que, accompagné de M. Jalla, j ’ai été
rappeler à Léwanika la promesse qu’il m’a faite de me donner trois
A LÉÂLOUYI, ‘CAPITALE DU ROI LÉWANIKA. 159
pirogues et leurs équipages pour descendre, suivant mon projet, le
Zambèze jusqu’à Kazoungoula. Le roi, selon son habitude, nous reçoit
très bien; il est au kashandi et il nous présente séance tenante, Bou-
moé son neveu, tout jeune homme qui accompagnera les canots jusqu’à
destination.
Chaque année, le roi et sa soeur aînée, la reine Mokouaé, reçoivent
LÈS DÉPENDANCES DE LA STATION MISS10NNAIHE DE LÉÂLOUYI. — M"' AD OLP DE JALLA
ET QUELQUES-UNS DE SES ÉLÈVES.
Dessin d’Oülevay. D’après une photographie de l’auteur.
parmi leurs nombreux tributs, un Convoi d’enfants des deux sexes,
sorte d’esclaves qui deviennent leurs- serviteurs. Ils distribuent le
surplus à leurs chefs et à quelques autres personnes. Le roi
ou la reine seuls peuvent les libérer; c’est ainsi que, par l’intermédiaire
de M. et Mme A. Jalla, le petit Iiaiéka, actuellement leur aide,
est devenu 1111 homme libre. Les enfants des ba-Rotsi, la race dominante,
ne peuvent pas être esclaves.