dessinent de plus en plus distinctement. Nous avons aussi réussi cette
partie de notre expédition ; une dernière halte pour remettre tout en
ordre et nous touchons à la station missionnaire, où je reçois de
M. Coillard, actuellement malade, ainsi que de M. et Mme Adolphe
Jalla, un accueil qui me fait bien vite oublier les difficultés passées.
Après avoir reconnu avec mes compagnons la source de la rivière
Machilé, premier but que nous nous proposions, j ’ai traversé le Pays
des ba-Rotsi pour aboutir à Léalouyi, la résidence du roi Léwanika;
mon second but a été ainsi heureusement atteint.
Pour résumer, je dirai que cette dernière traversée peut se diviser
en deux sections distinctes :
1° La contrée, encore inexplorée à cette latitude, et située entre la
rivière Machilé et la rivière Loumbé, se compose d’une succession de
collines boisées, entrecoupées de vallées et de vallons où coulent les
affluents des trois rivières Machilé, Njoko et Loumbé lesquelles, d’une
manière générale, se dirigent du nord au sud pour aller se jeter
dans le grand fleuve.
2° Parvenu sur les bords du Loumbé, je m’étais rapproché du Zam-
bèze, lequel, ainsi qu’il est facile de le voir sur la carte, forme une
grande courbe de Kazoungoula à Léalouyi, et j ’avais croisé la piste
que suivent les missionnaires, lorsqu’ils se rendent par voie de terre
de l’une à l ’autre de ces stations.
La nature de la contrée est différente, les mouvements de terrain
sont plus étendus, les rivières sont moins nombreuses. L’une des plus
importantes est le Motondo, ainsi que le Louyi (Lui), dont les eaux se
réunissent plus au sud pour aboutir bientôt au fleuve. Çà et là de
grandes lagunes parsèment cette région. Quelques-unes d’entre elles
communiquent, me dit-ôn, avec le Zambèze dans la saison des inondations;
elles en reçoivent alors l ’-excédent.
CHAPI T RE VI I I
LE ROI LÉWANIKA
ET LE MISSIONNAIRE COILLARD
A LÉALOUYI, CAPITALE DU ROI LÉWANIKA. — NALOLO, RÉSIDENCE
DE LA REINE MOKOUAÉ
jmanche 18 août ! Je suis réveillé au son joyeux d’une cloche.
- L ' Point de longues marches aujourd’hui et point de marécages.
Ce matin j ’assiste à l ’école du dimanche tenue à la chapelle par
Mme Jalla, qui, aidée des évangélistes noirs, instruit quatre-vingt-dix
à cent enfants et adultes ; beaucoup de discipline et d’attention. Plus
tard, M. Adolphe Jalla fait la prédication et quoiqu’il ne se soit pas
encore décidé à se convertir, le roi Léwanika prend place à la droite
de l’estrade.... Quel progrès! C’est lui qui il y a peu d’années encore,
commandait, dans une seule journée, l’égorgement de sept de ses chefs !
Trois cent cinquante à quatre cents personnes composent l’auditoire,
y compris, le premier ministre et plusieurs des dignitaires du royaume.
A sa sortie du temple, selon 1 usage du pays, les sujets du roi s’accroupissent
et frappent lentement des mains. Le roi assiste aussi au culte
de l’après-midi.