revient du nord. 11 nous assure avoir tué onze girafes. Ses six chariots
sont rangés sur une file le long de la rivière; nous descendons de
cheval pour lui serrer la main. C’est un homme de vingt-cinq à trente
ans, grand, élancé; il parle quelques mots d’anglais.
Dans le courant de la journée, il nous rend visite à notre campement;
il vient à cheval, accompagné de quelques-uns de ses suivants.
11 nous amène un mouton gras et nous le remercions en lui offrant du
sucre et du café. Ce mouton est le bienvenu et fera une heureuse diversion,
car depuis longtemps le gibier forme le fond de notre nourriture.
Sekhomi, qui retourne à Palapye, veut bien se.chargerde nos lettres.
Nous arriverons prochainement sur les bords de la rivière Nata
(Métengué).
3 ju in . — Hier au soir, nous avons franchi par une belle nuit claire,
l’angle nord-est du grand lac salé Makarikari, en partie a sec dans
cette saison. Sous nos pieds, une vaste étendue blanchâtre, sur nos
têtes, le bleu du ciel. Dans la soirée, nous faisons halte non loin du
confluent de la rivière Shua et de la rivière Nata qui, elle aussi, est
absorbée par le Makarikari; nous y resterons un ou deux jours.
La viande commence à manquer au campement, ce qui doit être
pris en considération; en effet, sans nous compter, nous avons actuellement
seize bouches à nourrir et quels appétits! Nous donnons à nos
hommes deux livres de farine de maïs journellement, ration qui est supprimée
et remplacée par de la viande les jours de bonne chasse. Résultat
: économie de trente-deux livres de farine en vingt-quatre heures.
4 ju in . — Nous sommes en selle à six heures du matin et partons
pour la chasse; le soleil est déjà chaud lorsque nous arrivons à un
village de ma-Saroua, soit à quelques huttes en branchages, recouvertes
d’herbes sèches, disséminées entre les arbres et qui ressemblent
à s’y méprendre à des tas de foin; ici et là un « skerm ». Justement
dans l’un de ceux-là, nous trouvons groupés autour du feu huit
ma-Saroua, probablement les notables de 1 endroit. L un d eux, le
chef, homme jeune encore, semble être tenu en grande estime par
ses compagnons.
Ces ma-Saroua sont à peine recouverts de quelques peaux de bêtes
sauvages ; tous ont pourtant des ornements divers en perles de
verre ou en métal : boucles d’oreilles, bracelets, colliers, etc. Aux
oreilles de l’un des plus âgés pendent deux boutons en cuivre de fabrication
européenne, tandis qu’un autre s’est confectionné un bracelet
avec une quantité de petits boutons blancs. Plusieurs aussi portent
suspendues au cou des amulettes, ainsi qu’une longue alêne renfermée
dans un étui en bois ; ils se servent de cette dernière pour extraire les
épines de leurs pieds.
Le chef armé d’une massue, d’une lancé, et suivi de trois de
ses sujets, prend la tête de notre colonne. 11 ne tarde pas à
examiner le terrain de tous les côtés pour relever les traces du
gibier. Pendant longtemps ses yeux ne quittent la terre que pour
scruter l’horizon. Après une longue marche, il monte sur un arbre
et nous fait comprendre qu’il a en vue un troupeau de gnous. Carabines
en main, nous nous avançons au pas de nos chevaux dans la
direction donnée. Les gnous se détachent sur l’herbe jaunie ; nous les
voyons toujours plus distinctement, ils broutent, au nombre d’une
trentaine. Une fois que nous sommes arrivés à quelques centaines de
mètres, le troupeau prend subitement le galop; nous faisons de même.
Lancés à fond de train, ces animaux font des circuits et des détours
que nous tâchons de couper; ils soulèvent un nuage de poussière,