A la tombée de la nuit, j ’entends les sons assourdis d’un inscru-
ment recouvert de peau, sorte de tambour allongé, musique qui
annonçait une danse pour la soirée au groupe de buttes voisin. Comme
je savais qu’en pays sauvage, ces réunions sont une cause de désordre
et que je voulais garder mes hommes en mains, je leur interdis
de s’y rendre, en les avertissant que je ferai, en personne, des rondes
dans la soirée et que ceux qui ne répondraient pas à l’appel, devraient
se considérer comme n’étant plus à mon service. Ledit appel s’est
fait à un moment inattendu... chacun était présent. Il faut traiter ces
nègres comme de véritables enfants, c’est-à-dire avec justice *, mais
avec une grande fermeté, autrement la débandade ne tarderait pas a .
commencer.
5 aoûtEÊ& Nous passons sur la rive droite du Njoko; l’eau nous
effleure à peine les genoux. Pendant la saison des pluies, il est navigable
jusqu’au Zambèze,
La population des environs vient assister à notre passage ainsi que
les deux chefs Manimboula et Maioia; ce dernier est plus, vêtu que la
généralité de ses sujets : une chemise de flanelle recouvre ses épaules.
Nous croisons un troupeau allègrement conduit au pâturage par de
noirs bergers, armés de lances, la tête ornée de plumes; ils tirent de
leurs pipeaux des sons joyeux.
Visite à un chef nommé Souroukouroukourou qui habite non loin
de là; en attendant son retour (le la forêt, nous nous asseyons
près de ses greniers à grains et voyons, suspendus à des perches, trois
eros rouleaux de sorgho, ingénieusement enlacés D O de lianes. C’est le
tribut qui sera envoyé au roi Léwanika. Enfin, voici Souroukouroukourou
lui-même. C’est un vieillard, et il est escorté de trois jeunes