avoir atteint des prix exorbitants, manque jusqu’il l’arrivée problématique
du prochain convoi.
Le marché, dont la clientèle se compose exclusivement d’hommes,
se tient le matin entre six et huit heures; les produits du sol doivent
s’y vendre aux enchères. La culture des fruits et des légumes est
à ses commencements. Suivant les dispositions des enchérisseurs et
la rareté du produit, certains articles se vendront a des prix fabuleux;
c’est ainsi que deux douzaines de figues fraîches ont trouvé des amateurs
a dix-huit francs. 11 y a six semaines, un chou s’est vendu vingt-
neuf francs; aujourd’hui, on peut se procurer ce mets luxueux pour
un franc vingt-cinq centimes. Quatre livres de pommes de terre sont
enlevées pour quatre ou cinq francs. A Pâques, une douzaine d’oeufs
valait vingt francs; actuellement ils ne dépassent pas trois ou quatre
francs; une bouteille de lait est taxée à deux francs cinquante centimes,
etc.
Il paraît que dans un rayon de près de cent kilomètres autour de
Boulouwayo, tous les terrains susceptibles de culture sont déjà vendus.
Ces fermes — j ’ai eu le plaisir d’en visiter une — ont en moyenne
une superficie de trois mille acres ou douze cents hectares.
En ce qui concerne les mines, chaque résident— soit toute personne
arrivant dans le pays et déclarant vouloir y travailler — a droit à
dix « claims » mesurant quatre cents pieds de longueur sur six cents
de largeur. La première formalité à remplir est de se rendre à l’office
des mines et de demander une autorisation « for prospecting », pour
faire des recherches; elle est accordée moyennant une redevance de
timbre qui vaut un shilling. Ce « prospector » a désormais le droit de
parcourir le Matébéléland ; lorsqu’il croit avoir trouvé un « reef » filon
de quartz aurifère, il doit retourner à l’office des mines et faire enregistrer
■son « claim ». Il en devient, par cette inscription, le proprié-
INDIGÈNES FAISANT DU FEU.
D'après uno photographie.
taire « owner prospeclor » ; il lui faut de plus, en trois mois, y creuser
un puits « schaft » d’une certaine profondeur. Si le puits a été creusé
dans le temps désigné et aux dimensions voulues, le commissaire
des mines remet au nouveau propriétaire un certificat de protection
valable pendant douze mois. Aucun autre mineur, sur un rayon fixé
d’avance, n ’a alors le droit de travailler dans les environs de son
claim. Si les conditions n’ont pas été remplies, le claim est repris, à
moins que le' propriétaire ne puisse se justifier.
L’activité déployée par ces hardis pionniers leur amènera-t-elle
la rémunération due à l’immense travail accompli en ces quelques
mois?
C’est ce que l’avenir démontrera. A l’heure qu’il est, comme je
viens de le d ire , le plus grand obstacle naît de la difficulté du transport;
les pionniers du Matébéléland ont la ferme espérance que la
30