9 octobre. Wa Nous avons marché pendant une partie de la nuit dernière;
après quelques heures d’un repos trop court, ce qui n’est plus
une surprise, nous reprenons la marche à cinq heures du matin.
Selon notre habitude, nous nous trouvons bientôt, Reid, Pirie et moi,
à une bonne distance en avant de notre colonne. Dans le courant de
la journée, nos gens s’égarent; nous devons nous arranger pour passer
la nuit le mieux possible; nous nous-couvrons tant bien que mal
d’herbe sèche et nous nous tenons près du feu. Durant le jour, la
chaleur continue à être très forte et les nuits sont fraîches.
10 octobre. — Jonction avec la colonne qui, eette fois, ainsi que
Reid et Pirie, se porte rapidement en avant en quête d’eau. La troupe
est en marche et pour la première fois, je me sens faiblir subitement.-
Pour la première fois aussi, je reste en arrière et je suis obligé de me
séparer de mon fusil. Je le donne à porter au dernier homme de la
eolonne, l’un des ma-Saroua. Malgré mes instances, il ne m’attend
pas et me répond par ces mots qui pour lui, résument toute la situation
: metsie, metsie, « l’eau, l’eau! »
Mes camarades en tête de la colonne ne se doutent pas de ce qui
m’arrive, aussi je me trouve bientôt seul en compagnie des deux chiens
Bless et Punch, qui ne m’ont pas quitté.
La chaleur est terrible, véritable fournaise et les taillis qui bordent
la piste n ’offrent point d’ombrage.
Je tâche d’avancer; mais je suis obligé à plusieurs reprises de me
laisser tomber sur le sahle brûlant. Je souffre sans doute d’une insolation
ou des fièvres. Ma respiration se précipite, ma langue s’épaissit,
puis surviennent les troubles de la vue. A mesure que j ’avance, il
me semble voir Reid ou Pirie devant moi.... Ils disparaissent lorsque
j ’approche Mirage trompeur !
Autre mirage : je crois voir notre tente dressée à quelque distance__
Nôuyelle déception cruelle! Tous ces symptômes fâcheux vont s’accentuant;
je suis seul et je me sens perdu. Je demande à Dieu son secours
et j ’ai encore la force de me traîner péniblement durant une heure.
Puis mes jambes me refusent tout service; je n’en puis plus. Mais,
véritable exaucement de la prière : à ce moment, à quelques mètres
devant moi, se dresse un grand boabab, le seul aperçu de la journée;
et couché à l’ombre de son tronc, l’homme qui avait la charge du sac
contenant mes effets personnels ! Fatigué, il se reposait là, comptant
rejoindre la colonne plus tard. Quelle délivrance ! Je m’étends derrière
le tronc et je me couvre des vêtements renfermés dans mon
sac, pour me garantir autant que possible, des rayons perfides du
soleil.
En attendant le secours désormais assuré, je tourne, avec l’ombre,
autour du tronc, à mesure que le soleil avance. Enfin à cinq heures
arrivent Reid et Pirie; soutenu par eux, je puis rejoindre le campement
établi près.d’une mare à quelques kilomètres de là. Une fois installé
sous la ten te, Reid m’administre de l ’eau bouillante aux pieds ainsi
que des aspersions froides sur la tête et à l’épine dorsale ; ce traitement
me soulage. Il en était temps.
Vendredi 11 octobre. -— Grâce à la médication énergique de Reid,
j ’ai passé une assez bonne nuit et je crois pouvoir, au matin, me
mettre en selle.
Dans l’intervalle, Reid avait fait chercher les chevaux à Gazouma