de la journée avec force interjections et exclamations; ils imitent à
la perfection les cris des animaux. C’est le moment où ils aiment à
priser du tabac cultivé dans le pays; il leur tire les larmes des yeux
tant il est fort. 11 en résulte des maladies des organes visuels; la petite
vérole a aussi souvent pour leur vue des suites fâcheuses.
Puis ils préparent leur nourriture qui
consiste, lorsque la chasse est abondante,
en viande qu’ils grillent simplement sur
les charbons ardents, ou suivant les circonstances,
en sorgho, maïs, millet
et arachides, dont ils sont très
friands *.
J ’observe l’un de nos hommes qui
fait de la musique à sa manière";
l’instrument rudimentaire se compose
d’une planchette à. rainures
qu’il frotte avec un morceau de bois;
mouchoirs de poche ixdigèkks. j| gn tire des sons distincts, mais
Croquis de Van Muyden. Collection de l'auteur. • . .
nullement harmonieux.
Si au point de vue physique les types varient beaucoup entre eux,
il n ’en est pas de même de l’habillement, dont la pièce principale est.
un pagne retenu à la ceinture par une peau de serpent. Les plus
fortunés y ajoutent une dépouille de bête sauvage ; ils se parent volontiers
de colliers, boucles d’oreilles, bracelets, etc. N’oublions pas l’une
des particularités, unique en son genre, de la toilette cependant si
simplifiée, des ba-Rotsi : le mouchoir de poche. Celui-ci consiste en
une mince lamelle de fer finement travaillé avec manche du même
1. Dans la langue du pays : sorgho = mabelé; maïs = mponyé; millet = maoulsa;
arachides = m asambané.
métal. Le tout peut avoir 0,12 à 0,15 c. de longueur sur 0,3 à 0,4 c.
de largeur. Cet objet se porte suspendu au cou par des fibres végétales
ou des nerfs. Ils s’en servent, pour se moucher, comme d un ressort
avec une extrême dextérité, ce qui, au feu de bivouac, j en puis parler
de visu, n’est pas chose plaisante! Nous constatons que ces sauvages
ARC ET FLÈCHES EMPOISONNÉES ÉCHANGÉS SUR LE TERRITOIRE DE LA TIUBü DES B1A-NKOYA.
Croquis de Van Muyden. Collection de l'auteur.
ont su perfectionner le mode de se moucher qué pratiquent encore, en
pays civilisés, certains habitants des campagnes.
Presque tous sont armés de longues lances, plus ou moins barbelées.
Les transactions effectuées avec les rares indigènes que nous rencontrons,
se règlent âu moyen de la brasse de calicot blanc (setsiba)
qui est la monnaie courante, et avec de petites perles de verre opaques
et blanches ; c’est ainsi que récemment nous nous sommes procuré
des oeufs.
Dans les rencontres, nous sommes salués par le mot de louméla.,
qui veut dire : « bonjour » ou plus exactement « au revoir ». Lorsque
ces indigènes sont armés, ils déposent leurs lances à distance respectueuse
jusqu’à ce qu’ils soient interpellés, sans jamais montrer
le moindre signe d’impatience. Ils apportent leurs produits dans des
calebasses suspendues au bout d’un long bâton.