a ordonné à l’un de ses chefs, Makoumba, de commencer l’établissement
d’un village à côté de la station missionnaire. Les huttes rondes
en chaume se sont ajoutées aux huttes et la station compte aujourd’hui
une population approximative de six cents âmes, sur lesquelles cent
quinze hommes et femmes ont déjà déclaré vouloir renoncer aux
pratiques du paganisme. Selon toute probabilité, elle aura d’ici à peu
de temps un millier d’habitants. Après Léalouyi, la capitale, elle est
considérée comme le centre le plus important du royaume, celui d’où
viennent les nouvelles ; Ivazoungoula est aussi la clef du territoire des
ba-Rotsi.
Le chef Makoumba est mort depuis notre arrivée. Selon les coutumes,
il a été enseveli quelques heures après le décès et de nuit.
Ses femmes l’ont pleuré pendant trois jours; à ce moment leurs
chevelures ont été rasées et les différentes huttes appartenant à
Makoumba ont été coupées au ras du sol; nous en avons vu les débris
hier. L’une de ses femmes, accusée de sorcellerie et menacée d’être
jetée au fleuve, vint se réfugier à la mission où elle a été recueillie et
nourrie. Personne n’a osé venir la chercher de force, tant est grand
auprès de ces païens, le prestige de ces quelques hommes et femmes,
esclaves du devoir et qui, en cas d’attaque, ne se défendraient même
pas.
Mme Jalla a , dans sa maison entièrement construite par son
mari ainsi que l’église, dix jeunes filles indigènes qu’elle forme de
manière à en faire pour l’avenir des mères de famille qui soient capables
d’élever leurs enfants et d’avoir un intérieur. 11 en est de même,
paraît-il, dans les autres stations.
Le prince Litia est venu au culte de l’après-midi; à son approche,
comme le veut l’étiquette des ba-Rotsi, ses sujets s’accroupissent et
frappent lentement dans leurs mains.
A KAZOUNGOULA.
Lundi juillet. — Nous avons eu le plaisir de recevoir aujourd’hui
pour le lunch à notre campement M. et Mme Louis Jalla, Mlle Kiener
TYPES DE LA TRIBU DES MA-SHOCKOULOUMBOUÉ.
Photographie de M. Coillard. — Reproduction interdite.
etleR év. Buckenham, ce dernier, missionnaire dans le pays des ma-
Shoukouloumboué *.
Afin de nous alléger et de pouvoir aller rapidement de l’avant, nous
avions laissé en arrière tout ce qui pourrait nous encombrer; ainsi
les chaises et les tables de campement. Pour cette invitation, nous y
avons suppléé avec des « caisses de rations ». Neuf d’entre elles ont
formé la table; d’autres, recouvertes de nos plus belles couvertures en
l’honneur des dames, ont fait des sièges fort présentables. Quelques
minutes avant l’arrivée de nos hôtes, nous leur dépêchons un messager
1. Le Rév. Buckenham est mort à Kazoungoula, le 11 juillet 1896.