relais qui se composent la plupart du temps d une écurie en terre,
carrée, ouverte d’un côté et flanquée d’un « kraal », les attelages
gardés par un noir, attendent au dehors, rangés sur une ligne. Vu la
simplicité du harnachement, les opérations de dételer et atteler
s’accomplissent en quelques minutes. Les animaux, bien nourris et
bien soignés, ont des formes superbes. Nous avons des attelages
uniformes composés de mules baies, grises, alezanes; leurs croupes,
leurs belles formes, rappellent celles du zèbre et, comme chez les
fougueux habitants des grandes plaines, leurs jarrets sont souvent
striés de bandes claires et foncées qui alternent.
Dans le courant de l’après-midi nous avons en vue devant nous,
à l’ouest, la chaîne du ZouLfransberg et à l’est les Blaunberg ou montagnes
Bleues. Ces dernières sont bien nommées et au coucher du
soleil, après avoir passé par des colorations diverses, nous les voyons
teintées du bleu le plus intense. Nous apercevons au loin deà autruches
en quête de leur repas du soir.
Nous arrivons à l’étape à sept heures; comme je* 1 ai déjà dit, les
heures de sommeil sont courtes et nous sommes réveillés entre onze
heures et minuit.
/ 6‘ décembre. — Après avoir passé entre les deux chaînes de montagnes
mentionnées plus haut, nous galopons bientôt dans la plaine de
Zoutfransberg; à de rares exceptions près, nous pouvions avoir le long
du chemin parcouru jusqu’a maintenant, 1 idée dune vaste contiée
inhabitée. Nous voyons aujourd’hui plusieurs grands villages nègres ;
les femmes travaillent aux champs et de jeunes bergers surveillent des
troupeaux de bêtes à cornes; çà et là, quelques fermes disséminées
à travers ce pays d’herbes; elles appartiennent à des Européens ou à
des Boers. Deux heures viennent de sonner et nous arrivons à Pie-
terburg, où le reste de l’après-midi est consacré au repos. 11 n’y a
pas, grand’chose à voir dans cette petite ville, qui compte un millier
d’habitants, fêtant aujourd’hui l’une des victoires remportées par
les Boers en 1838 ou 1840.
17 décembre. — Départ à trois heures du matin. Nous longeons une
étroite et pittoresque vallée, sorte de grand col formé par les montagnes
de Fer. Quatre relais nous mènent à Polgieterskut dont les
quelques maisons blanches se cachent dans une luxuriante verdure
et sont entourées de plantations de bananiers. C’est dans l’une d’elles
que pour la première fois depuis bien longtemps, je puis de nouveau
manger des fruits, des grenadelles, des bananes et surtout de l’excellent
raisin muscat. La contrée ne tarde pas à s’élargir; puis pendant
la seconde moitié de la journée, nous arrivons à la partie la plus pittoresque
du trajet, à la Waterberg-pass, formée par de hautes collines
rocheuses, aux lignes gracieuses et recouvertes d’une fraîche verdure.
Du sommet du col, nous jouissons d’une vue étendue sur la plaine, de
laquelle émergent des sommités coniques plus ou moins dénudées, et
qui est coupée par de-nombreuses chaînes de montagnes. Entre cinq
et six heures, nous arrivons à une autre petite ville, Nylstroom, où
nous passons la nuit. Depuis ce matin nous avons franchi 100 milles,
soit 165 kilomètres, ou 35 à 40 lieues. C’est notre meilleure traite.
18 décembre. — Le départ pour notre dernière journée de « coach »
s’effectue à deux heures du matin; au milieu du jour, nous arrivons à
une'grande plaine marécageuse, où nous rencontrons une quantité de