vantes, les récoltes peuvent se répéter tous les dix ou quinze jours
pendant la saison humide, de fin septembre à fin mai. A plusieurs
reprises, nous assistons aux cueillettes. C’est un coup d’oeil qui ne
manque pas de charme que celui donné par ces lignes de jolis arbrisseaux
vert foncé, tirées au cordeau, encadrées par de longues files de
bananiers dont les feuilles claires retombent avec élégance. Sur ce
fond de verdure se détachent les coolies hindous, drapés dans des
étoffes aux couleurs voyantes et qui sous la direction vigilante du
« sirdar », entassent avec activité les feuilles tendres dans des sacs
de toile; ils pincent seulement le sommet des jeunes pousses et ils
enlèvent ainsi quatre ou cinq feuilles à la fois.
Une plantation de thé en plein rapport fournit deux mille à deux
mille quatre cents livres de feuilles vertes, par acre1 et par année.
Quatre livres de feuilles vertes sont considérées comme l’équivalent
d’une livre de thé préparé.
Un bon ouvrier peut cueillir de quatre-vingts à cent livres de feuilles
journellement; la moyenne est de cinquante livres.
Actuellement, il y a dans le district de Kearsney, cinq manufactures
de thé, où de nombreux planteurs envoient leurs récoltes de
feuilles vertes deux fois par jour. Nous assistons dans l’une d’elles aux
différentes opérations très délicates, par lesquelles les feuilles doivent
passer avant d’atteindre l’état définitif, alors qu’elles sont prêtes à être
infusées pour donner l’excellent breuvage, que nous apprécions tous
les jours.
Après que chaque sac a été pesé et marqué en présence du propriétaire,
les feuilles, une fois parvenues à la manufacture, sont d’abord
étendues sur des séchoirs en tôle sur lesquels passe un courant d’air
!.. Il y a deux acres et demi à l’hectare.
CUEILLETTE DU THÉ PAR LES COOLIES HINDOUS, '
Dessin de Boudier. D’après une photographie. -
chaud, où elles flétrissent, dans un délai d’une vingtaine d’heures au
maximum. Puis elles sont jetées dans le rouleau à vapeur par une
ouverture centrale pratiquée au sommet de la partie supérieure. Cette
ingénieuse machine est composée de deux plaques, qui se trouvent à
une distance égale l’une de l ’autre et qui sont mues circulairement.
Son travail peut êtrexomparé à celui que feraient deux mains gigantesques
frottées l’une contre l’autre. On enlève alors ces feuilles pressées
et roulées en une masse, pour les placer ordinairement dans des
caisses couvertes, pendant environ une demi-heure; il faut les surveiller
soigneusement durant ce temps pour les amener au degré de
fermentation nécessaire. Après cette fermentation, les feuilles acquièrent
une riche et chaude couleur foncée ainsi que leur parfum spécial.
L’une des dernières opérations consiste à faire sécher le thé dans
le « down draught sirocco », machine à sécher. L’air chaud y est introduit
par en haut dans une caisse en fer qui contient plusieurs tiroirs.