une cinquantaine d’enfants, parmi lesquels les petites filles de Mokouaé,
chantent des cantiques à gorge déployée.
La reine m’envoie dans la journée une provision de maïs. Le lendemain,
elle vient chez M. et Mme Béguin prendre part au déjeuner.
Elle a un vêtement clair et est en outre drapée dans une large
pièce d’étoffe-aux couleurs voyantes; autour de sa tête, un turban
rouge. On dit que cette reine que je vois aujourd’hui s’agenouiller
pour la prière, a tué de sa propre main, il y a quelques années,
l ’un de ses dignitaires âgé dont elle n’était pas satisfaite. Elle me fait
demander si lorsque je retournerai dans mon pays, je me servirai du
chariot de feu (chemin de fer) et du bateau de feu (steamer).
Après le repas, la reine monte dans son canot pour se rendre compte
par elle-même, du travail de ses esclavès qui cultivent les champs.
Le mari de Mokouaé, qui est absent, porte le titre de Mokuentounga;
il est l’intermédiaire entre elle et la nation.
Nalolo contient environ 2000 habitants; à l’inverse des autres centres
importants du Pays des ba-Rotsi, cette bourgade est située sur la rive
droite du Zambèze, à l’entrée d’une grande plaine de sable aride qui,
à l’ouest, s’étend jusqu’à la rivière Linyanti (Chobé)irL'
Nalolo a l’avantage d’avoir de l ’eau potable en abondance, ce qui
est loin d’être le cas à Léalouyi; les missionnaires n’ont ni fruits, ni
légumes; en cela Nalolo partage le sort des autres stations.
La localité possède passablement de bétail; mais ce bétail, commo
celui de la capitale, doit être envoyé dans la forêt pendant les inondations;
donc, à cette époque, très peu de lait.
Beaucoup d’insectes; l ’un des plus redoutés est le séroui, ces terribles
fourmis guerrières dont les troupes serrées ne dévient jamais .de
leur chemin. Lorsqu’elles pénètrent dans une habitation, ce qui
arrive fréquemment, il faut leur laisser le passage sous peine d’être
mangé vivant. Ce sont les termites pourtant, qui, dans cette partie
de l’Afrique, font le plus de dégâts; elles s’attaquent à tout, excepté
aux matières grasses. Au moyen d’un suc qu’elles sécrètent, elles
couvrent les objets d’une couche de terre humide, à l’abri de laquelle
elles peuvent dévorer tout à leur aise, en quelques heures, les habits,
les livres, etc.
Quelle vie remplie que celle d’un missionnaire! Outre ses occupations
diverses de chaque instant, M. Béguin a, du l*r juin au 31 août,
donné des soins à plus de 280 patients !
Le dimanche, la moyenne des auditeurs au temple est de 2S0 à 300,
y compris Mokouaé elle-même.
J ’ai emporté de mon séjour à Nalolo et du bon accueil que m o n t
réservé M. et Mme Béguin un excellent souvenir.
9 septembre. — J ’étais de retour à Léalouyi depuis quelques jours,
lorsque a eu lieu une conférence des missionnaires du Zambèze,
à laquelle assistaient M. et Mme Adolphe Jalla qui résident ici,
M. Davit, récemment arrivé d’Europe, M. et Mme Béguin, de Nalolo,
M. et Mme Goy, de Séshéké, M. et Mme Louis Jalla, de Kazoungoula,
qui n’ont pas craint d’affronter les dangers de la navigation du
Zambèze pour venir, pendant quelque temps, se grouper autour de
M. Coillard, afin de mettre en commun leur expérience et discuter
les intérêts de la mission. Quoique gravement malade, M. Coillard
a pu, grâce à son énergie, assister à quelques séances.
Impossible de donner un résumé de tout ce que j ’ai vu et entendu
d’intéressant. Mais, il me semble que|#iacun peut être frappé du
dévouement absolu de ces missionnaires à leur oeuvre, malgré les
privations qui sont leur lot quotidien. Les résultats que cette poignée