il habite une maison construite de ses mains et, dans peu de temps,
il inaugurera son église dont la construction a'vance rapidement.
Un superbe drapeau fédéral orne la muraille principale de la pièce
qui sert de salle à manger et à maintes reprises, des chants patriotiques
se sont fait entendre dans cette enceinte. Combien à des
milliers de lieues de la p a trie , l’on est agréablement surpris
par ces mélodies connues et aimées!
Nalolo est l’un des cen tres les plus importants
du royaume des ba-Rotsi, résidence
de la reine Mokouaé, soeur
aînée du roi Léwanika. Anomalie
bizarre : dans cette contrée où
comme dans tous les pays non chrétiens,
la femme occupe une position
très dépendante et inférieure à celle
de l’homme, la soeur aînée du roi a
les mêmes prérogatives que son frère,
les mêmes tributs lui sont payés.
LA RBINE MOKOUAÉ, DE NALOLO.
Photographie de m. coiiiard. Comme le veulent les usagés du pays,
Reproduction interdite.
M. Béguin m’a conduit ce matin auprès
de la reine Mokouaé; nous la trouvons au lékhotla, où elle préside en
plein air les délibérations et où elle rend la justice. Accroupie sur une
natte, elle nous fait asseoir près d’elle ; après les salutations, elle me fait
savoir qu’elle est de cinq années plus âgée que son frère, le roi Léwanika.
L’expression de son visage, comme celle de son frère, est très mobile.
Elle est vêtue de cotonnade et une grosse épingle d’ivoire sculpté est
fixée dans ses cheveux crépus. A sa droite, son premier ministre et
d’autres dignitaires ; à sa gauche et à distance, des hommes réparent le
filet dont on se sert aux pêches royales; il est immense. Devant la
S - '/
ÉCOLE DE M. ET DE Mmc BÉGUIN A NALOLO.
D’après une photographie de 1’auteur.
reine, ses musiciens; quand elle éternue, aussitôt suivant 1 étiquette,
ils jouent de leurs instruments et tout le monde frappe des
mains.
Puis nous visitons sa résidence, qui ressemble à celle de Léwanika ;
la salle d’honneur est couverte et tapissée de nattes de jonc. La reine,;
à l ’occasion, ne dédaigne pas de fabriquer elle-même des nattes et de
faire de la poterie; nous voyons là des fourrures splendides.
On nous apporte bientôt un mélange de maïs et de lait, boisson
légèrement acidulée. Elle nous est servie avec soin par 1 une des
suivantes de la reine qui, avant de nous la présenter, enlève avec un
bâtonnet les moindres parcelles de grain qui peuvent s’y trouver.
Après avoir pris congé, nous visitons les greniers royaux,
construits en terre au-dessus du sol sur des pieux et recouverts
de chaume.
En revenant, nous entrons à l’école qui dépend de la station et où