Nous sommes sur le territoire de la tribu des ma-Kuangoa
(Makwenga) qui possèdent du gros bétail ; ils travaillent aussi le fer.
Nous voici établis sous de superbes motsaoli, mais je ne puis' pas
donner à manger à mes hommes ! Il ne me reste rien. Picaniné est
envoyé deux fois au village voisin afin d’informer les habitants
que nous désirons acheter des vivres.. Les heures se passent et rien
n’arrive; le retard est encore plus grand qu’à l’ordinaire. 11 paraît
que dans cette partie du pays, les indigènes de peur de pillage,
tiennent leurs provisions non près de leurs habitations, mais au
loin dans la campagne. Une file d’hommes et de femmes, portant
des calebasses et de grands plats de bois, se montre enfin dans
la plaine. Ils arrivent ayant à leur tête leur chef Moamanomné.
Cette fois-ci ce sont les petites perles opaques qui seront en faveur.
Les naturels apportent du lait caillé, du sorgho et des patates
douces; Moamanomné m’offre comme présent un panier de ces
dernières; il semble satisfait de recevoir à son tour un objet
européen.
Une abondante distribution de patates est faite aux hommes et le
sorgho est gardé comme réserve; en route ensuite jusqu’à la tombée
de la nuit.
14 août. —- Longue colline de sable; des perruches vertes volent
de branche én branche. A la halte du matin, Klass Africa arrive
en retard; nouvel et violent accès de fièvre; il est faible comme un
enfant, un rien le ferait tomber. Il faut le couvrir de ses couvertures,
lui donner un réconfortant, malgré tout, il tombe dans un état de torpeur.
A quatre heures seulement, nous pouvons nous remettre en route
pour traverser la grande plaine au bout de laquelle se détache le
village de Célibélo (Shiribero). Je puis m’y procurer quelques poules,
qui sont capturées sous mes yeux par des enfants, fort joyeux de cette
besogne. Nous campons non loin de la lagune Nanjékua. Klass Africa
est à bout de forces ; les frictions de sulfate de quinine doivent être
recommencées.
15 août. — Les frictions au sulfate de quinine réussissent décidé-
MES HOMMES DANS LA GRANDE PLAINE DU BO-ROTSI.
Photographie de l’auteur.
ment à Klass, ce matin il est beaucoup mieux; nous pouvons partir
à l’heure habituelle.
Le pays se peuple de plus en plus; dans la matinée, nous longeons
un village, où avec des perles blanches, nous obtenons en abondance des
patates séchées et du manioc [mangia). J ’observe près de là un indigène
qui, avec un instrument des plus primitifs, taille dans un bloc du
bois appelé mokoa une tubana, jarre à lait, il vient d’en terminer
une et il me la cède contre un mouchoir rouge. Beaucoup de gros
bétail.