se resserrent; le fleuve, partagé par de nombreuses îles plus ou moins
boisées, se divise en plusieurs bras; paysage pittoresque; quêlqües
petits rapides.
17 septembre. f#4iNous ne tardons pas à naviguer le long d’un véritable
canal encadré d’une verdure qui retombe gracieusement dans
l’eau, et nous passons à gauche de la grande île boisée de Mbeta.
Suivant les exigences de cette navigation fort difficile, nous serons
forcés de passer souvent d’une rive à l’autre. A neuf heures, nous
sommes sur la rive gauche, à l’embouchure de la rivière Louyi (Lui),
déjà reconnue. Nous y perdons une heure à cause d’un batelier qui
se déclare malade et désire se faire soigner dans un village voisin.
Selon toutes probabilités, sa maladie provient du fait que nous
approchons de la région des rapides • dangereux de. Séoma. Nous
naviguons à travers un groupe d’îles boisées le long desquelles
serpente le grand fleuve.
Au milieu du jour, nous arrivons à l ’embouchure de la rivière
Katengué (Limanika); elle prend sa source, si je ne me trompe, à la
lagune Kamba, près de laquelle j ’ai passé lorsque je me dirigeai vers
Léalouyi. Nous glissons sous un berceau de “verdure; ma pirogue
touche un récif et penche considérablement.
Au moment de la halte, les hommes sortent une longue pipe,
formée d’un tuyau en bois, dont l ’une des extrémités est terminée par
un récipient bourré de chanvre; l’autre extrémité aboutit à une corne
qu’on remplit d’eau, afin que la fumée se refroidisse. L’un des
bateliers y applique ses lèvres et aspire violemment trois ou quatre
fois; il la passe ensuite à son voisin; une prise de tabac complète
immédiatement la première opération; viennent alors des éternuements
et des toux à plein gosier à n’en pas finir.
Pendant l’après-midi, nous franchissons les rapides de Mouloungou,
•après lesquels le fleuve s’élargit et forme un lac aux courbes gracieuses.
Les rives en sont ondulées et boisées ; ici et là des îles recouvertes
d’une végétation touffue. Au coucher du soleil, deux hippopotames
viennent troubler le silence de la nature assoupie.
18 septembre. — De bonne heure, nous abordons à Séoma, rive
gauche. Nous sommes à l’entrée de la région des rapides proprement
dits. Pour éviter les chutes infranchissables de Ngonyé (Gonye), les
canots sont déchargés, mis à terre et traînés à bras d’hommes sur un
espace de près de cinq kilomètres; ils sont ensuite remis à flot et
rechargés. Afin de surveiller le transbordement des'c an o ts, le roi
Léwanika a établi à cet endroit deux chefs, Sékomé et Mokuala.
Je sais par expérience que la maxime « time is money » n est pas
pratiquée sur terre africaine. Je dis à Boumoé de faire chercher les
deux chefs, puis comme ils ne viennent pas, d’y aller lui-même. Deux
heures s’écoulent; enfin, accompagnés de quelques-uns de leurs
sujets, ils font leur apparition.
Chose très rare,chez un indigène, Sékomé est chauve.
Après les salutations d’usage, très variées dans ce pays, aujourd hui
plusieurs bateliers viennent déposer un baiser dans la main droite
des chefs. Sékomé m’informe que je serai obligé de rester quatre ou
cinq jours à Séoma, car, me dit-il, la famine est grande; mes hommes
sont dispersés dans la contrée pour chercher des vivres.
Cela ne rentre absolument pas dans mes plans et la figure rusée
de Sékomé me prouve qu’il faut user d’autorité avec lui. Ses arguments
sont réduits à néant.... « Mais pourquoi es-tu ici? lui dis-je;
tu n’es pas un chef si tu ne sais pas faire marcher tes hommes... »