pour leur demander de bien vouloir apporter des couteaux et des
fourchettes. Le lunch, création de Reid, a été déclaré excellent; c’est
un repas d’adieux. Le menu se compose d’un ragoût, d’antilope relevé
par des carottes et des fèves conservées, de pommes séchées en marmelade
et d’un soi-disant pudding au riz. Les crus généreux, d’usage
en pareille occasion, sont remplacés par l’eau relativement fraîche du
Zambèze, ainsi que par du thé et du café.
Nos préparatifs de départ sont terminés; il faut se remettre en route.
11 nous sera difficile, d’oublier ces quelques jours passés à Kazoun-
goula, près de la station missionnaire ; son aspect gracieux, l’excellent
accueil reçu et la bonne atmosphère respirée. Une véritable oasis
dans le désert !
Nous partons demain, direction nord, à destination de la rivière
Machilë (Machili) dont nous voulons atteindre la source. .Notre p e rsonnel
se-compose de vingt-cinq hommes; nous le renforcerons à
mesure que nous avancerons. Nous avons en outre vingt-cinq ânes de
bât, six chiens et quatre chevaux de selle ; selon toutes probabilités,
ces derniers devront être sacrifiés.
Le capitaine Gibbons, pour une exploration différente de la nôtre,
se dirige à l’ouest en remontant le cours du Zambèze. Nous espérons
nous rencontrer plus tard *.
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* * -
3 juillet. — A deux heures de l ’après-midi, dernière inspection
passée avant le départ de Kazoungoula. Les charges ont été pesées et
sont distribuées aux hommes qui, patiemment accroupis, attendent
d’être appelés par leur nom pour s’avancer et recevoir leur lot, du
1. Voir l'appendice n° 2.
poids d’environ cinquante livres; ils portent ce poids sur l’épaule,
également réparti aux deux extrémités d’un long bâton. Les ânes sont
bâtés et chargés de quatre-vingt-cinq à cent vingt livres; nous montons
à cheval et la caravane serpente bientôt à travers la grande plaine.
Temps d’épreuve que ces premiers jours de marche, avant que
chacun Sache bien ce que l’on attend de lui et surtout qu’hommes et
bêtes soient de nouveau habitués à. la fatigue. En outre, les charges
des ânes sont attachées avec des cordes d’herbes tressées, qui se
rompent continuellement. Lorsque nous aurons tué du gros gibier,
nous utiliserons leur peau pour faire des lanières solides. 11 faut faire
appel à sa patience, en voyant à tout bout de champ une caisse ou un
ballot jeté à terre et l’animal déchargé, joyeux d’être débarrassé de son
fardeau, fuir au galop.
Nous faisons halte dans un bois de mopané\ la tente est rapidement
dressée, les charges mises en ligne, et voici Jonnes le cuisinier,
qui nous annonce la nouvelle très bien reçue que « la table est
servie _ ,
Cette phrase est un peu prétentieuse car, je l’ai dit, afin de nous
alléger, nous avons laissé à Kazoungoula avec les derniers vestiges de
civilisation, tout ce qui pourrait nous encombrer et c’est désormais
le sol qui nous Sert de table et de sièges.
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3 juillet. — Sur pied avant le soleil, nous levons le camp immédiatement.
Deux chevaux se sont égarés pendant la nuit; Pirie et moi
nous attendrons le retour des hommes envoyés sur leurs traces! Après
ce retard, nous passons près du village de Mombava, composé de quelques
huttes; nous en voyons de loin les habitants. Grande chaleur;
nous campons'près de la rivière Ntengué (Intangwi).