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23 septembre. — Pour éviter les grands rapides de liatima-Molilo,
nous nous engageons dans un chenal où les canots restent quelque
temps échoués sur les galets; les hommes n’ont pas une tâche facile.
Nous retrouvons l’eau profonde et nous naviguons sous des ombrages
épais. Nous rencontrons bientôt huit hippopotames.
La région des rapides est franchie ; le paysage est moins pittoresque,
les berges se dénudent et s’abaissent; la grande plaine s’étend sur les
deux rives; en un mot la contrée ressemble à celle que nous avons
vue en amont de Séoma.
Fort vent et fleuve agité, grands bancs de sable. Nous passons
près du village de Sékhosé (Sekhosi) ; du bétail paît dans les
environs.
Nous nous embarquons ce matin à l’heure habituelle. Beaucoup
d’oiseaux aquatiques ; une oie vient enrichir mon garde-manger.
A neuf heures nous sommes arrêtés par une bande de dix hippopotames
qui nous barrent le passage ; nous sommes obligés, Ivlass
et moi, de descendre sur un banc de sable et de faire feu afin de
nous ouvrir un chemin, ce qui ne fut pas chose .facile; ils s’inquiétaient
autant de nos balles que si elles eussent été des pierres. Les
bateliers font voler les embarcations, la peur leur avait donné des
forces. Vu trois crocodiles. Il me serait difficile de dire combien de fois
déjà, pendant le cours de celte navigation, j ’ai entendu mes hommes
prononcer avec plus ou moins de vivacité, les mots de « koubou »
(hippopotame) et de « kuéna » (crocodile) ; ces animaux tiennent
certainement une grande place dans leurs préoccupations.
A trois heures nous arrivons à Séshéké après avoir serpenté entre
les îles formées par les embranchements du Zambèze.
LES PIROGUES SONT ARRÊTÉES PAR DIX HIPPOPOTAMES.
Dessin do Van Muyden.