Léalouyi, a bien voulu mettre à ma disposition. J ’allais m’endormir,
lorsqu’une irruption de fourmis me force à déguerpir au plus vite ! !
14 septembre. — Ce matin, nous reprenons la navigation; la largeur
du fleuve varie entre 300 et 400 mètres; berges dénudées; plusieurs
villages composés de huttes rondes en chaume se confondent
avec la teinte du paysage; pas un arbre. Beaucoup de bestiaux ; grâce
aux ordres donnés par Léwanika au chef Boumoé, j ’ai du lait en
abondance. Nous avons vu une vingtaine d’hippopotames; ils ne montrent
en général leurs tètes monstrueuses hors de l’eau que pendant
quelques minutes pour respirer bruyamment, puis ils plongent pour
reparaître de nouveau. Les bateliers les craignent beaucoup; ils font
de nombreux détours pour les éviter et, si cela n’est pas possible,
ils avancent très rapidement. J ’ai aussi vu plusieurs crocodiles et
beaucoup d’oiseaux aquatiques, en particulier un superbe vol de
canards.
L’après-midi était déjà sur son déclin, lorsque nous apercevons tout
d’un coup un canot monté par un blanc; il vient dans notre direction.
C’est le capitaine Saint-Hill Gibbons. Une bonne poignée de main;
puis, malgré le soleil qui nous brûle, la théière chante bientôt sur la
rive. Pony, qui lui sert de cuisinier, a son bonnet rouge fixé tout à fait
au sommet de la tète, signe indiscutable de grande chaleur. Gibbons
me raconte qu’il s’est laissé attarder dans son itinéraire; il fait force
de rames pour atteindre Léalouyi, où il doit offrir ses hommages au
roi, après avoir fait un travail spécial sur ces régions; il tâchera de
revenir au plus vite afin de ne pas manquer le rendez-vous général fixé
à Kazoungoula; arrivera-t-il à temps? « That is the question. »
J ’apprends qu’entre autres incidents, il a été « at close quarters »
RENCONTRE DU CAPITAINE SAINT-HILL GIBBONS.
D ’a p r è s u n e p h o t o g r a p h ie d o l ’a u t o u r .
avec une lionne, dont il rapporte la peau. Mais le temps s’envole, et il
nous faut chacun reprendre notre route, avec l’espoir d’un prochain
révoir. A la tombée de la nuit, n o u s campons sur le'sable de là rive
droite du Zambèze.
Après que l ’ordre a été établi au campement, Klass Africa me
raconte que son canot a passé non loin d’une mère hippopotame qui
avait son petit sur son dos; elle lui a fait un accueil peu aimable
en ouvrant une gueule f o r m i d a b l e , ce qui a donné des bras aux
bateliers !
15 septembre. — Dimanche; jour de repos. A midi + 38” C. dans
l’intérieur de ma tente. Pour se mettre à l’abri, mes hommes se construisent
rapidement des huttes sur la grève. A la tombée de la nuit,