contrées à traverser, va se faire (l’une manière fort différente. Nous
avons vingt-cinq ânes de bât, et l’excédent du matériel devra être
transporté à dos d’homme, en lots qui n’excèdent pas cinquante
livres; il faut donc calculer, diviser et peser. Puis nous devons nous
munir de provisions nécessaires pour notre personnel qui sera
augmenté.
Il y a eu récemment une famine dans les environs; mais M. Jalla
avec sa complaisance inépuisable, nous est encore d’un grand secours
en faisant répandre la nouvelle que nous désirons un marché. Des indigènes
viennent de fort loin nous vendre leurs produits ; millet, sorgho,
maïs, fèves de différentes espèces, arachides, qu’ils portent dans des
calebasses, suspendues à l’épaule au bout d’un grand bâton. Quelques
beaux types parmi ces Zambéziens, qui s’accroupissent à une distance
respectueuse et restent immobiles; le temps ne semble pas avoir de
valeur pour eux. L’unité de monnaie dont nous nous servons dans nos
transactions est l’aune de calicot blanc '.
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39 ju in . — Grande activité. M. et Mme Louis Jalla nous facilitent
bien des choses, quoique leurs deux enfants soient malades ils insistent
pour que nous partagions leur déjeuner, hospitalité que les uns et les
autres nous avons déjà acceptée à plusieurs reprises.
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Dimanche 30 juin, g - Assisté ce matin à l’église de la mission au
service fait pour les indigènes par M. Jalla. J ’ai remarqué la tran-
1. La brasse de calicot blanc ou setsiba se mesure en général le long du bras, de
l’épaule au bout des doigts.
LE PRINCE LITIA SORT DÜ TEMPLE.
Photographie de l’auteur.
quillité et l ’attention soutenue de cet auditoire d’environ deux cent
cinquante hommes, femmes et enfants, ainsi que la manière dont
les cantiques sont bien chantés. J ’étais assis non loin du prince Litia
qui, à la fin du service, a prié pour que son père, le roi Léwanika,
non seulement encourage, comme il le fait depuis longtemps, l’oeuvre
missionnaire dans son pays, mais aussi pour qu’il se convertisse lui-
même franchement à l’Évangile. Léwanika est bien disposé ; mais
jusqu’à présent la polygamie l’a empêché, paraît-il, de faire ce pas
décisif.
L’histoire de la station missionnaire, intimement liée à la naissance
du village de Kazoungoula, est remarquable. En 1889, M. et
Mme Louis Jalla, qui avaient déjà évangélisé depuis plusieurs années à
Séshéké, quelques lieues en amont du fleuve, vinrent fonder cette
station, aujourd’hui si florissante. L’emplacement où elle se trouve,
n’était alors qu’un champ de maïs. C’est en 1892 que le roi Léwanika